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Xaash-tâ: Merveilleuse Yavin

​

« Ul'pak'gunz's ! »

 

La légère brise du matin venait de se lever, les nuages dans le ciel faisaient la course vers le soleil orangé, les derniers oiseaux-murmure commençaient à gazouiller, et l’odeur de la jungle en éveil, douce et fraîche, se faisait ressentir. Quand les arbres s’étiraient les uns après les autres, et que les pyramides de pierre éclairaient enfin leur sommet, une bonne journée pouvait s’annoncer.

C’était dans cette belle matinée paisible de Yavin IV que l’écho de la voix agitée d’Andrax se répandait.

 

« Oups… », s’excusait faussement la ravissante échanie en souriant. « Je suis désolée mon cœur. »

 

Une récente petite plaie venait de s’ouvrir dans l’épaule droite du jeune zabrak. A force de bouger comme un taureau, la blessure fraîchement soignée s’était fragilisée, et le léger coup de sabre de Jahnelthra fut la goutte de trop.

 

« C’est rien, ça va… », marmonna le sith en essuyant un peu de sang avec sa main. Elle l’avait fait exprès, pour sûr.

 

La jeune twi’lek rutian croisait les bras, adossée depuis peu à une des colonnes de la petite arène de pierre. Elle n’aimait pas se lever tôt, mais les clashs de sabre laser l’avaient réveillée, et puis… son zabrak en train de se battre était un spectacle majestueux à ne pas rater pour elle. Après avoir baillé longuement et frotté son petit nez, elle rappela à Andrax :

 

« La prochaine tu te la soignes tout seul, comme un grand ! »

 

« Tsss… », siffla le guerrier zabrak, en remuant ses épaules pour se remettre en position de combat.

 

« Jahnelthra… »

 

La belle échanie tourna sa tête vers la gauche. Assise à ses côtés, sur une des marches de l’arène, Xaash-tâ, silencieuse mais attentive, les observait, et analysait leurs gestes et formes de combat. Elle leva son visage pâle, qui sous sa capuche sombre, s’éclairait au fur et à mesure, et s’adressa à Jahnelthra avec une voix douce :

 

« La forme Ataru ne t’interdit pas de te déplacer sur le sol. Ne paralyse pas tes jambes lorsqu’elles y sont. »

 

Les mots de la Dame Pâle étaient cohérents, simples. L’échanie lui sourit tendrement, et rétracta la lame bleue de son longsword. Ses conseils étaient rarement à ignorer. Elle l’en remercia, hochant la tête avec un air de respect profond. Le zabrak vérifiait l’état de son épaule alors que les deux femmes discutaient, et fut surpris de croiser le regard de Xaash lorsqu’il releva la tête.

 

« Toi Drax, tu es gaucher. Tu devrais mettre cette particularité à ton avantage un peu plus souvent. Varier dans tes coups, te rendre plus imprévisible. Joue avec tes deux sabres, attaque avec l’un, mais aussi avec l’autre, puis change soudainement. Tu pourrais aussi essayer de les tenir dans l’autre sens, vers le bas… »

 

Le sith pourpre souffla par ses puissantes narines. Qu’est ce qui lui prenait de lui dire quoi faire ? Elle n’avait rien à lui apprendre. Il ne dit mot pourtant, croisant les bras et déviant son regard.

 

« Round deux ! », s’écria Lizz, enfin un peu plus réveillée.

 

Drax n’attendit pas et dégaina ses furies noires et rouges, grondant lui-même comme un feu assoiffé d’action et d’excitation. Jahnelthra se mit en position, mais n’activa pas encore son sabre… La petite brise mourut tout autour de l’arène. Un long silence et un duel de regards débuta. Très clairement, Jahnelthra attendait la première offensive d’Andrax, et Andrax, lui, attendait le bon moment.

 

 

Toujours assise sur sa jambe, au premier rang du spectacle, Xaash inspectait ses deux amis l’un après l’autre. Elle ressentait tout d’ici… En fermant les yeux, elle entendait le vent qui se levait au loin, les gargouillements du ventre de la twi’lek, le chant des cascades dans son dos. Elle percevait tout, de la façon dont Jahnelthra serrait son sabre dans ses mains, aux graviers se faisant broyer sous son pied d’appui - du double rythme cardiaque d’Andrax, au son des muscles tendus dans sa jambe droite. Cet entraînement prenait de plus en plus la forme d’un clash apocalyptique. Le chaton agile contre le puissant taureau. La tigresse aiguisée contre le rancor enragé. Le nexu malin contre le reek véloce.

L’ange contre le démon.

 

Xaash ouvrit les yeux et le zabrak chargea. En moins d’une seconde il se retrouva face à l’échanie, ses deux sabres à quelques centimètres au-dessus de son beau visage, visage revêtant un air mesquin et qui commençait tout juste à s’illuminer du bleu puissant de son propre sabre laser.

La parade fut juste mais efficace. En un battement de cil, Jahn bloquait les deux lames de Drax dans une position horizontale solide. Déviant de toutes ses forces le poids du sith sur le côté, elle se prépara à contrer le second coup qui fut instantané. Les entrechoquements des lames de plasma faisaient parfois jaillir des étincelles, et l’échange entre attaquant et défenseur alternait si vite. Un coup en bas, deux coups en haut, une vrille et une feinte, un coup de pied, encore en haut, salto, ... C'était là toute la beauté du paradoxe. Deux personnes qui s'aimaient, mais qui s'offraient des coups violents. Deux combattants s'affrontant pour pouvoir s'embrasser à la fin.

 

Xaash était immune à l'amour. Du moins, c'est ce qu'elle pensait. En vérité, tout dépend du point de vue, de la définition même. Elle aimait regarder cette passion brûlante qui agissait entre ses deux amis. Elle comprenait ce que voulaient dire les signes qu'ils s'envoyaient dans leur regards. Pourtant, son cœur à elle était bien différent que ceux du commun des mortels. Elle ressentait une passion elle aussi pour eux, sa seule famille. Elle ne le savait pas encore, mais elle sacrifierait sa vie pour eux. Sa petite pompe s'agitait à un rythme différent en leur présence. C'était bien de l'amour. Un amour bien similaire à celui qui liait le zabrak et l'échanie. Mais le fait de tomber amoureuse, littéralement... ça, c'était quelque chose qui lui serait inconnu à tout jamais. Son petit cœur, au fond fragilisé depuis longtemps déjà, s'était recouvert d'une coque de pierre, et seuls Jahnelthra et Andrax étaient capable de la traverser... Du moins, Jahnelthra pour l'instant.

 

Un coup violent explosa devant le visage de la Dame Pâle. Peut-être était-elle trop près. Elle ne bougea pas, et fixa les lames de lumière qui dansaient avec force, remuant l'air dans un vacarme assez épouvantable. Jahn finit un autre salto, et para un autre coup fatal. Drax voulait l'avoir, et était passé en mode attaque constante. Xaash esquissa un sourire en coin. Le zabrak para à son tour un coup descendant de son adversaire de son sabre droit, et s'apprêtait à piquer de sa lame gauche.

 

« Attention à ton jeu de jambe, Jahn. Décolle tes pieds. », signala Xaash en fixant la défense d'Andrax, qui semblait avoir suivi son conseil pour devenir imprévisible.

L'échanie elle, avait encore du mal à bouger ses pieds, sauf lorsqu'elle sautait dans l'air. Elle recula sa jambe gauche au dernier moment, se décalant assez sur le côté pour éviter la lame brûlante qui semblait vouloir l’éborgner. Le monstre rouge chargea, entraîné par son propre coup, et bloqua le coup de longsword de Jahnelthra dans son dos. Puis il vrilla son sabre et frappa avec ses deux lames en même temps. L'échanie préféra reculer plutôt que de parer, vu la force du coup. Le sol de l'arène se fractura, et le zabrak chargea de nouveau en émettant un cri, entre un hurlement de rage et un rire d'excitation. Lizz recula alors qu'ils se dirigeaient vers elle.

 

Le combat des deux titans dura presque dix minutes. Il se conclut lorsque lors d'une ultime charge, Drax sauta en direction de Jahn. Elle décolla à son tour vers le ciel, révélant Lizz qui se tenait dans son dos. Le zabrak freina son coup avec de gros yeux. La twi'lek avait déjà son blaster pointé vers son visage hébété.

 

« Bang ! », s'écria-t-elle avant de rire comme une petite souris.

 

Andrax esquissa un sourire en coin, et rangea ses lames ardentes. Jahn atterrit devant Xaash, le sabre rengainé. Elle regarda l'humaine avec un sourire aux lèvres, comme si elle attendait un compliment ou une approbation.

 

« Mouais... c'est pas mal le longsword, mais je préfère un sabre normal... », dit l'échanie en jetant la poignée hors de l'arène comme si ce n'était qu'une vulgaire branche morte. Quelqu'un le ramassera bien, plus tard.

 

Xaash-tâ se leva délicatement, et avança vers sa sœur en écartant son bras sur le côté. Le sabre laser 'normal' de Jahn vint alors se coller dans sa paume gantée. Elle s'arrêta devant l'échanie et le lui présenta.

 

« On y va ? », demanda alors la femme qui visiblement voulait un peu d'action aussi.

 

La guerrière aux cheveux de glace ne put refuser, et s'empara de son sabre en se mordillant la lèvre inférieure.

 

« Pareil ? Sans la Force... ? »

 

« Sauf pour les sauts, bien sûr. », lui assura Xaash.

 

Andrax croisa les bras, restant debout sur les derniers gradins de l'arène, aux côtés de Lizz qui s'accoudait à lui comme s'il était une simple colonne de pierre.

Jahnelthra se positionna dans un coin, et actionna son sabre, dont la lame rayonnait d’un puissant violet. Elle le fit tourner élégamment dans son dos, et le ramena vers sa joue, en pointant le bout vers son adversaire. Elle afficha un large sourire passionné, laissant ses dents blanches se faire teinter par un pourpre léger.

Xaash n’attendit pas et depuis l’autre bout de l’arène, elle fit résonner le hurlement de ses armes, les faisant tourner toutes les deux autour de son corps comme jamais personne ne l’avait fait. Le mouvement était à la fois simple et complexe, réalisable et impossible, mais majestueux sans être brut. A un moment bref et précis, ses mains ne touchaient même plus les sabres, qui dansaient autour de ses poignets. Lorsque le geste hypnotisant se conclut, la Dame Pâle ne put retenir un léger sourire en coin.

 

« Je veux savoir faire ça ! », se dit Jahnelthra les yeux ronds comme deux pleines lunes.

 

« Frimeuse… », pensa Andrax.

 

Comme il se doit dans un bon duel, comme dans le précédent, une longue période de silence s’en suivit. Un duel de regards intense et une analyse minutieuse commença, et rien, pas même la puissance de la brise, n’était négligé. Lorsque Jahn décala sa jambe droite vers la gauche, Xaash fit de même. Quand l’échanie déviait lentement vers le nord, l’humaine bougeait vers le sud.

 

 

A bout de patience… ou peut-être par pure excitation, Jahnelthra se décida et plongea son corps comme une lance en direction de sa meilleure amie. Alors qu’elle était à mi-chemin, elle vit Xaash glisser vers sa gauche, comme si la roche sous ses pieds était devenue glace. Lorsque les jambes de l’échanie touchèrent le sol, elles se plièrent pour ensuite redonner une nouvelle impulsion, la projetant en arrière. Dans ce salto, elle repassa face à Xaash, qui l’attendait. Enfin le duel commençait !

 

A peine la femme aux cheveux givrés retomba sur ses pattes que la Furie fondit sur elle en sautant, un genou en avant, et enchaîna trois coups de sabres qui la firent reculer en un petit sursaut. Jahn para les deux premiers et esquiva le troisième de justesse, tout en sautant à reculons pour éviter le monstre déchaîné face à elle.

Dans un ample mouvement de sabre, du bas vers le haut, l’attaquante fit monter la lame du pauvre chaton blanc vers le ciel, puis continua le geste dans un tour complet pour tenter de revenir lui découper les chevilles. La petite fille échanie bondit rapidement mais ses pieds revinrent s’écraser contre le sol presque instantanément, broyés par la force de son propre poids, et surtout des deux lames rouges qui pressaient contre son sabre laser en défense horizontale. Sous sa capuche sombre, le visage de Xaash-tâ, éclairé par ce rouge vif, remonta entre les lames, et fit face à Jahnelthra en contrebas. La Dame Pâle souriait méchamment. C’était la première fois depuis longtemps que l'échanie la voyait comme ça… aussi indomptable, rapide… et monstrueuse. Alors qu’une pluie d’étincelles noires et orangées déferlait entre les deux femmes, alors que l’échanie pliait le genou et que son amant, non loin, serrait les dents, Jahn poussa de toutes ses forces en hurlant, et lentement, elle se remit debout. Elle tenta ensuite une feinte pour se débarrasser de cette position difficile, et fit glisser sa lame vers le bas...

A son tour de passer à l’attaque.

 

La roche se fractura au contact des lames de Xaash, alors que Jahn tournait sur elle-même, dos à son adversaire, roulant littéralement contre son flanc droit. En faisant tournoyer son sabre laser à ses côtés, elle tenta de découper l’humaine dans le dos, en un coup parallèle au sol. Mais Xaash avait compris, et prolongea sa chute en une roulade avant pendant que le plasma violet volait au-dessus d’elle. Se retournant brutalement après la roulade, elle fondit sur Jahnelthra, qui l’imita. Clash, en bas, en haut, sur la gauche, la droite et encore la gauche, encore en bas, rotation, clash, twist, pirouette, rafale. Les coups s’enchaînaient trop vite pour pouvoir tous les décrire. Les deux spectateurs avaient parfois du mal à distinguer quel sabre appartenait à qui. Les couleurs se mélangeaient, les positions changeaient, les cris se confondaient.

 

 

Jahnelthra était une maîtresse de la forme IV : l’Ataru. Il était rare qu’elle n’enchaîne plus de dix coups sans décoller dans les airs. Elle aimait cette liberté, et la légèreté dont elle devait se servir. Avec cette technique, elle pouvait parfois nager entre les membres agités de ses adversaires. Ses coups étaient logiques, assez précis, et suffisamment violents pour vaincre. Son jeu de jambe était la plupart du temps excellent, mais il n’était pas exceptionnel qu’elle oublie de lever ses pieds. Mais elle apprenait vite, et depuis le dernier conseil de Xaash, elle avait réduit la fréquence de ce genre d’erreurs de cinquante pourcent.

 

Xaash-tâ, elle, avait maîtrisé toutes les formes de combat dans sa jeunesse, et avait décidé de se forger sa propre forme. Du Shii-Cho au Juyo, elle alternait en empruntant un peu de tout. Mais sa forme était principalement un mélange de Makashi et de Juyo, tout en y ajoutant beaucoup… beaucoup de glissades. C’était probablement la première sith à utiliser cette technique. Elle adorait fondre sur ses ennemis en une sorte de course folle, tournant sur elle-même, et glissant sur le sol comme si c’était une banquise. Lorsqu’elle devait tuer plus efficacement, elle se servait aussi énormément de la Force. Sa vieille alliée qui, omniprésente, pouvait anéantir des vies à une distance et à une vitesse considérable.

 

 

Au bout d’un certain temps, Xaash-tâ commença à faiblir. Son endurance était grande, mais comparée à celle d’une échanie, ne faisait pas le poids. Jahnelthra venait d’un peuple né pour combattre. Né pour la guerre. Cette femme pouvait combattre jusqu’au lendemain semblait-il. Les coups étaient légèrement plus lents, légèrement moins puissants… Et Jahn finit par le ressentir.

 

« On fatigue… ? », demanda la jeune femme, un peu plus joyeuse.

 

« Tu rêves… », lança la Dame Pâle, pourtant essoufflée.

 

Jahnelthra profita de la fatigue de son adversaire et courut vers elle. Pas de répit, pas de pitié. Elle pivota son sabre dans sa main, le tenant à présent en position inversée, comme un assassin, et balaya une série de sept coups rapides sur les deux lames rouges. Xaash se défendit comme elle put, et ne trouva pas d’ouverture pour passer de la défense à l’attaque. Vivement, les deux femmes tournoyaient sur elles-mêmes au milieu du cercle de pierre, glissant dans son diamètre ou survolant son périmètre. Bien que l’humaine parvenait à esquiver ou parer tous les coups de la puissante lame violette, elle demeurait en position de faiblesse. Son adversaire était inépuisable, et avide de victoire.

Du point de vue du zabrak et de la twi’lek, ce combat ressemblait de plus en plus à une chorégraphie… les coups s’enchaînaient comme si les deux combattantes avaient appris par cœur les deux, trois ou quatre coups qui suivaient. Elles tournaient sur elles-mêmes comme lors d’une danse sur patinoire. Elles esquivaient les balayages de jambes tout en heurtant leurs lames lumineuses, changeaient de position, passant sous les jambes et volant au-dessus des épaules.

Drax observait à présent sa bien-aimée de dos, avancer vers la femme encapuchonnée avec une fougue extrême, mais pas sans un plaisir et une joie de vivre dans les yeux. La fin était proche, et elle accélérait. Le zabrak se pencha dans tous les sens pour améliorer son champ de vision, il ne voulait rien louper.

Dans un effort final, Jahn fit déferler son sabre laser d’un sens à un autre sur l’humaine, qui finit par lui présenter enfin une ouverture exploitable. L’échanie la saisit et tourna sur elle-même une ultime fois, sabre en l’air, pour mettre fin au duel. Mais c’est alors que Xaash-tâ, Furie de l’Empereur, agrippa de sa main gantée et griffue le poignet de Jahnelthra, tourna comme dans une valse sous son bras immobilisé, et soudainement, les deux guerrières se figèrent. Jahnelthra venait de ressentir quelque chose heurter son ventre… elle ne comprit ce qui venait de se passer… Ses yeux blancs fixèrent Andrax du fond de l’arène, qui paniqué, tremblait lui aussi dans l’incompréhension. Étrangement, personne n’avait entendu l’arme de la malicieuse Xaash-tâ - pointée sur l’abdomen de l’échanie - s’éteindre, quelques microsecondes avant.

 

Après plusieurs secondes de silence, Jahn baissa son visage blême vers le sabre de Xaash. Elle respira enfin, soulagée d’être encore en vie, mais outrée d’avoir perdu. Andrax compris lui aussi et souffla bruyamment, en recroisant ses bras.

La Furie rangea ses armes en se remettant droite, et laissa se dessiner un petit sourire sur le coin de sa bouche.

 

« Bien joué… mais tu es tombée dans mon piège. L’ouverture que je t’ai laissée… »

 

« Était trop évidente, bien sûr ! », lui coupa Jahnelthra en se couvrant le visage. Elle laissa s’échapper un cri grave et rageur étouffé par ses mains, pointant le menton vers le ciel.

 

Andrax les rejoignit, accompagné d’une Lizz toute joyeuse.

 

« Xaash-tâ ! Xaash-tâ ! Xaash-tâ ! Xaash-tâ ! Xaash-tâ ! … », murmura-t-elle en imitant les exclamations d’une foule toute entière. Elle baissa les bras en croisant le regard de son grand frère rouge, moins optimiste.

 

« Rhaaa, je veux ma revanche un de ces jours ! », insista Jahn en allant se réfugier au chaud dans les bras du zabrak. Andrax croisa ses grosses mains sur le ventre de la femme, et posa son menton sur le haut de sa tête.

 

« Bon… petit dej ? », proposa Lizz en s’étirant.

 

 

 

 

Le reste de la journée demeura aussi calme qu’un lac miroir. Aucunes obligations, aucunes contraintes, aucun appel du devoir pour l’Empire… C’était un autre jour de vacances pour la petite famille. Tout commença par un petit-déjeuner copieux sur le toit de leur chambre commune. Baies-ciel de Voss, pallies de Tatooine, pain parfumé au kelmorunn, lait de bantha, miel d’Orvakys VII, jybbuks frais, trimtavolles séchées, thakitillos aussi chers que délicieux, noix de mynt, rakmelons juteux, le banquet était complet.

 

Puis un plongeon à la piscine, que Xaash déclina en allant s’asseoir pour méditer au coin de l’eau chauffée. Lizz quant à elle, devait réparer le speeder d’Andrax, dont le moteur avait fini par exploser lors d’une mission en solo. Elle n’arrêtait pas de se plaindre que "monsieur ne savait pas lire les signes pourtant évidents qu’envoie une machine à bout de forces"… Le trio passa donc le reste de la journée ensemble.

 

Xaash passa une bonne demi-heure sur l’holonet, à lire un holocron rendu public, pendant que Jahnelthra devait discuter en seule à seule avec sa cousine à propos des mesures de sécurité de la forteresse, et que Drax visitait le bar.

 

 

 

 

Un peu plus tard dans la journée, ils escaladèrent une des falaises à l’arrière de la forteresse. La montée fut rude, mais une fois en haut, au-dessus de toutes ces cascades et de tous les plus grands arbres, ils s’installèrent les pieds ballants dans le vide, admirant la vue devant un petit goûter.

Dans ces moments-là, Jahnelthra était souvent au milieu, car elle était la principale chose qui liait l’humaine et le zabrak. Aussi lui revenait la tâche de distribuer les racines de kajaka et le thé de fleurs massassi qu’elle avait pris soin d’emporter.

L’échanie avait voulu montrer cet endroit à ses amis depuis longtemps. D’ici, le murmure des cascades en contrebas se mêlait au chant des hirondelles nuit-noire, une espèce étrange qui dormait le matin, sifflait le jour et chassait la nuit. La vue était époustouflante, et l’on pouvait observer tout autour de la forteresse, à des centaines de kilomètres. Un point stratégique pour la défense de ce lieu magique… mais trop magique lui-même pour être transformé en poste d’observation. D'ici, les collines chantaient et leurs versants brillaient sous le soleil puissant. Au loin, les nuages blancs se mêlaient à Yavin la géante rouge, comme dans un mirage.

 

Xaash-tâ observait la vue comme s’il s’agissait d’un tableau abstrait. Tout en savourant son thé, elle suivait les lignes du paysage du regard, étudiait les couleurs, et voyait des silhouettes étranges dans les arbres. Jahnelthra tournait sa tête dans tous les sens, puis s’arrêta sur son amie, intriguée. La femme à sa gauche semblait concentrée, presque plus que nécessaire pour pouvoir apprécier le spectacle, d’après elle. Elle en fut ravie davantage.

 

« Enlève ta capuche Xaash… tu perds beaucoup d’angle de vue. »

 

La sith détacha son regard intense du tableau et tourna sa tête vers Jahnelthra, louchant sur le haut de sa propre capuche.

 

« Tu sais, c’est drôlement confortable… Si elle est suffisamment large et soyeuse, c’est comme une couette qui te caresse et te tient au chaud quand il fait froid, et qui te protège du soleil quand il fait chaud… »

 

L’échanie regarda sa comparse d’un air peu convaincu.

 

« Je peux bien tourner la tête… », conclut Xaash-tâ.

 

« Tu sais… je pense que tu te caches derrière cette chose pour d’autres raisons… »

 

L’échanie se tut. Xaash n’avait pas besoin de cette conversation. Pas maintenant. Elle le ressentait. Elle le respectait. Les humains étaient des êtres particuliers et étranges. Ou n’était-ce qu’elle, peut-être ? Elle lui resservit du thé, alla déposer une autre racine de kajaka dans la bouche du zabrak, et posa sa tête sur ses genoux en le regardant ruminer juste au-dessus de son visage.

 

Pas loin d’une heure plus tard, le soleil bailla une ultime fois avant de chuter inexorablement vers l’horizon, transformant la forêt de Yavin IV en un brasier paisible et clair. Jahnelthra se releva pour ne rien louper. A sa surprise, Andrax était patient et ne se languissait pas encore. Tant qu’elle était à ses côtés, il pouvait rester longtemps, très longtemps. Le ciel scintillait dans les yeux ambrés du zabrak ce soir-là. Sa puissante respiration était un plaisir aux oreilles de l’échanie, tandis que Xaash-tâ, aussi près d’elle que lui l’était, ne produisait pas un son. Cette femme, aussi silencieuse que la mort et aussi immobile que les montagnes, scrutait les temples massassi abandonnés au loin. Les éclats de lumière orangée recouvraient son visage, caressaient ses tatouages, plongeaient dans ses nombreuses cicatrices, les faisant presque disparaître, et retouchaient la beauté de ses doux yeux écarlates. Elle était simplement ravissante. Jahnelthra l’observa comme jamais auparavant. Cette vision de beauté ne se brisa pas pour autant, lorsque la sith détacha son regard du paysage pour le rabattre vers l’échanie béate, le soleil tapant toujours sur son visage, mais laissant ses cicatrices renaître amplifiées dans leur tracé par une ombre. Jahn lui tendit sa main, tenant déjà de l’autre celle de Drax, et lui sourit tendrement. Une fois sa main gantée dans la sienne, elle resta sans bouger un instant, puis regarda le lointain soleil se teindre de rouge.

D’une voix douce, calme et lente, presque fragile… elle se mit à chanter.

 

« L'étoile radieuse d'Izax darde ses rayons sur les flots.

Sens la chaleur paisible. De la nuit touche le manteau.

Apaise ton cœur sous les vagues sereines.

Sens les larmes de Scyva. Laisse couler ta haine. »

 

Les trois sith attendirent la fin du coucher de soleil avant de redescendre.

 

 

 

 

Une fois en bas, Andrax, Jahnelthra et Xaash-tâ se dépoussiérèrent et Lizz vint les accueillir, boudeuse.

 

« Ah, vous voilà ! J'te cherchais partout Drak... ton speeder tiendra au moins une bonne semaine, après ça, je donne pas cher de ses pièces. Et toi, ton épaule, ça va ? Pas redéchirée ? »

 

La petite fillette espiègle et agile souleva le lourd bras du sith et le tordit dans tous les sens, sans qu'il puisse y faire quoi que ce soit, sous le regard amusé des deux femmes à ses côtés.

 

« Eeeeeh bah si ! Bravo ! », grogna la rutian et lui baffant le bras du revers de la main. « Normal que si t'escalades ça va briser les points de suture...gros malin. »

 

« Lizz, sharee bu'shur' id'hâni, yid'u... », marmonna le zabrak en faisant la moue.

 

La nuit tombait lentement dans la jungle, les hirondelles nuit-noire s'étaient tues, les oiseaux-murmure dormaient depuis longtemps déjà, tout comme le vent d'ouest. Seules les nombreuses lunes voisines et les lampadaires de la forteresse éclairaient les environs. Une légère brume recouvrait les arbres lointains, et Yavin Prime disparaissait peu à peu au-dessus de leurs branches sous de fins nuages gris sombre.

 

Xaash semblait encore rêveuse depuis leur petite escapade. Son regard inexpressif était toujours perdu quelque part, dans les arbres, les nuages ou même le sol sous leurs pieds. L’esprit de la sith pouvait paraître vide et calme, mais depuis déjà quelques temps, elle repensait à tout. Des scènes horribles de son enfance aux meilleurs moments de sa vie, des petites pensées repassaient devant ses yeux. Les plus beaux extraits parvenaient à la réchauffer un instant, et lui dessinaient une petite ride joyeuse au coin de la bouche, mais ne duraient pas ; les plus sombres tentaient de fissurer d’avantage son cœur de porcelaine, mais un cœur brisé depuis longtemps s’habitue à ces choses, et endure la douleur en silence, sans pour autant la supporter. La Dame Pâle était perdue dans son passé, et oubliait le présent sans attendre de futur. Hypnotisée, elle s’y enfonçait comme dans des sables mouvants, pourtant personne d’autre ne l’y avait poussée. Elle ne remarqua pas le gros bâillement de Drax, qui commençait à fermer un œil. Il se faisait tard.

 

« Andrax… rentre à la maison, ne nous attend pas. Je vais rester encore un peu avec Xaash. », proposa Jahnelthra en faisant les yeux doux à son zabrak. Xaash reporta son attention vers elle, intriguée.

 

Le sith peu convaincu ne voulait pas rentrer sans elle, mais avant qu’il ne puisse ouvrir la bouche, il se faisait déjà entraîner par le bras par la petite rutian énergétique. Il lui sembla aussi que la "suggestion" de l’échanie n’en était pas vraiment une…

 

« Allez frangin ! Je vais te recoudre, moi. Viens par là… »

 

Andrax se laissa tirer vers le chemin du retour, regardant en arrière vers la silhouette à la chevelure lunaire. Le frère et la sœur disparurent peu à peu sur le sentier, leurs ombres réapparaissant toutes petites près des lampadaires au loin, quelques instants plus tard.

 

 

Désormais, les deux femmes étaient seules. Elles restèrent silencieuses quelques secondes après la disparition complète des deux ombres, puis Jahnelthra inspira profondément l'air de la nuit, comme si la présence du zabrak retenait sa respiration. Elle semblait avoir attendu cette heure précise depuis longtemps. Bien qu'elle fût tout à fait à l'aise avec les deux sith, il semblait à Xaash qu'elle se tenait plus droite devant Andrax. À présent, son corps était à peine plus détendu, et son cœur battait légèrement moins vite. Quel étrange phénomène était l'amour...

 

« C'était joli... ce que tu chantais là-haut... »

 

Le Spectre de Glace baissa son menton et sourit à ces mots.

 

« C'était quelque chose que mes parents me chantaient, quand j'étais toute petite... je ne l'avais jamais essayée... », articula-t-elle d'une voix pleine de nostalgie. « ...merci... »

 

L'échanie attendit quelques instants puis se recoiffa vite fait, et avança vers Xaash. Elle se rapprocha de son oreille et murmura de sa voix douce :

 

« Suis-moi... je vais te montrer quelque chose. »

 

 

 

 

Juste quelques pas plus loin, une tête reposait sur le sol. Une énorme tête, sculptée dans de la roche, se faisait envahir par la mousse et les champignons du jardin. Un gros casque recouvrait son scalp, une courte barbe pointue plongeait de son menton, et de manière générale, la tête ne semblait pas plaisanter. Elle était entourée par une étendue d’eau cristalline.

 

Sautant au-dessus du grand ruisseau calme, qui provenait de trois cascades de l’arrière-cour de la forteresse, Jahnelthra effectua une pirouette agile avant de poser ses pieds au sol, mordant de peu l’eau froide de son talon. Elle se retourna vers Xaash, qui posa le pied droit au bord du ruisseau, donna une impulsion puissante et s’envola plus haut encore que sa prédécesseure, filant accompagnée du bruit de sa robe dans le vent, pour atterrir dans le dos de l’échanie grincheuse. Jahnelthra secoua son pied mouillé et dépassa l’humaine, avançant vers un énorme trou dans la falaise.

 

L'entrée du tunnel devait être aussi grande que la statue la protégeant. A l'intérieur, le noir total. Pas un rayon de soleil n'osait y pénétrer. Pourtant cet endroit ne respirait pas la mort. Il était juste perdu, abandonné, seul. Xaash se pencha vers l'intérieur, curieuse. Jahnelthra actionna la lame de son sabre laser, et l'approcha des ténèbres paisibles.

 

« On y va ? », proposa l'échanie souriante.

 

Le rouge de Xaash vint se mélanger au violet de Jahn sur les murs de la caverne, et les deux femmes avancèrent dans le monstre de pierre.

 

 

Au plus elles avançaient, au plus la pâle lumière de la sortie dans leur dos se réduisait, et face à elle, l’inconnu complet attendait Xaash. L’humidité se faisait ressentir, les roches imperceptibles sans l’aide des lames de plasma transpiraient abondamment. Sur chaque côté du long tunnel, des stalagmites perçaient le sol et pointaient leurs pics tranchants vers le haut, et quelques stalactites, plus petits mais aussi plus fragiles, s’étiraient vainement vers le centre de la lune principale. De partout, une mousse dense et douce tentait de grimper aux murs, ayant déjà conquis une grande partie du plancher. D’énormes champignons cherchaient une place dans ce bazar naturel, et d’autres, au loin au bout du tunnel, phosphoraient légèrement en paix.

 

« J’ai découvert cet endroit dans les premiers jours après avoir acheté la forteresse… Je l’ai exploré de fond en comble et j’ai trouvé un coin précis… » L’échanie s’arrêta net, et continua sans finir sa phrase. « Il faudrait accrocher des lampes au plafond… On y voit rien. Le jour, le soleil parvient à percer des petits trous dans le plafond, mais ils sont remplis de couches de toiles d’araignées qui bloquent la lumière des lunes la nuit… »

 

« Il suffirait d’enlever les toiles… », proposa la Dame Pâle en hochant des épaules.

 

« Certainement pas ! Qu’est-ce qu’elles nous ont fait, ces petites bêtes… ? », répliqua l’échanie, peinée. Elle poursuivit sa route et ajouta : « Et puis, ça fera joli avec des lampes en papier de partout... »

 

La compassion de cette femme était décidément infinie. C’était ce que pensait Xaash. Elle ne dit rien, et suivit ses pas jusqu’à ce qu’un tournant du tunnel coupât totalement la faible lumière de l’extérieur.

 

« Ici ! », lança Jahn en se figeant sur place, levant une main comme pour stopper une armée. Elle fixa le plafond et montra ses dents blanches dans un grand sourire. « Juste là… tu vas voir… »

 

Xaash-tâ regarda autour d’elle, éclairant chaque partie des murs qui les entouraient… Il n’y avait rien. Rien de spécial, quelques champignons, de la mousse et de la roche de partout. Hormis le fait qu’elles se trouvaient au milieu du tunnel obscur, à un point où pas même les étoiles ne venaient les éclairer, rien d’anormal ou de spectaculaire ne brillait dans les yeux de la sith.

Jahnelthra baissa son sabre laser, et le pointa vers le sol. Elle cherchait quelque chose…

 

« Ici… ça devrait être parfait… »

 

Elle releva légèrement sa lame, pointant la base d’une stalagmite, et perfora la pierre dans un crissement grave. Alors que la roche fumait et bavait une lave liquide orangée, la lame lavande s’enfonçait petit à petit. Après quelques secondes, Jahn retira son arme et attendit que la roche refroidisse. Ensuite, elle déposa la poignée dans le creux, la lame vers l’extérieur, pointant en diagonale vers le haut. Elle s’installa sur la mousse dans un coin entre sa lampe de plasma et Xaash.

 

« Maintenant, éteint ton sabre et allonge toi… », ordonna l’échanie mystérieuse.

 

La Dame Pâle, d’abord hésitante, s’exécuta en silence. Elle laissa la grotte plonger dans la seule lueur violette, et se coucha aux côtés de son amie. La mousse rendait le coin confortable. D’ici l’humidité semblait avoir disparu, et aucune stalactite menaçante ne planait au-dessus de leur têtes. Elle respira tranquillement et laissa son dos se reposer contre le matelas de mousse, la tête relevée par la forme arrondie du tunnel, croisant ses mains sur son ventre. Jahnelthra, excitée, se plaça dans la même position, remua son dos pour bien se caler, et, ronronnante, approcha sa main de sa lampe sabre.

 

« Tu es prête ? … Attention… »

 

Xaash-tâ ne comprenait pas cette excitation soudaine. Le suspense qu’elle accumulait parfois pour dévoiler de simples choses… Elle regarda le visage enfantin de la femme et haussa un sourcil.

 

« Trois... …deux… …un… »

 

L’écho de son sabre laser s’éteignant dans la gorge rocailleuse fit place à un long silence dans une obscurité totale.

 

 

 

 

Rien…

Rien ne se produisit… rien d’autre que du noir, de l’ombre et des ténèbres n’était percevable par la sith. Le bruit léger et étouffé des quelques gouttes chutant au loin dans la grotte, l’infime trouble sonore des cascades, loin à l’extérieur, la respiration de Jahn peut-être, dans son oreille… mais rien d’autre ne venait.

Rien que l’obscurité… et le silence…

 

Xaash ouvrit enfin la bouche… mais se fit couper par l’échanie.

 

« Shhhhh… attend… », murmura-t-elle.

 

Et puis… là… en plein milieu du plafond… quelque chose se mit lentement à briller. Xaash-tâ plissa les yeux. Un petit point blanc… minuscule et faible, apparut contre la roche. Il était aussi insignifiant qu’un wistie dans les mains d’un gorax, mais la Furie le remarqua néanmoins. Puis un autre ! Tout petit, germant de la pierre même. Encore… Petit à petit, une multitude de minuscules lumières bleues naquirent devant les yeux éblouis des deux femmes. Un spectacle de milliers de petits cristaux étincelait le haut de la grotte, uniquement au-dessus de leurs têtes. Peu à peu les piliers et les formes autour d’elles se distinguèrent à nouveau, et sous un plafond étoilé, Jahnelthra se mit à rire. Sa voix se servit de l’écho pour sortir de la grotte, atténuée.

 

« Wow… », avoua Xaash, plus discrète.

 

« N’est-ce pas ? », insista Jahn. « Je les ai trouvés en voulant me plonger dans le noir… Ce sont des cristaux très particuliers… des cristaux… "timides". Oui, ça sonne bien. Ils ne brillent que dans les ténèbres absolues. La moindre lumière… et hop ! »

 

L’activation du sabre de l’échanie fit sursauter Xaash, et retrouvant l’éclairage violacé, toutes les étoiles disparurent, les unes après les autres, à la suite, en une fraction de seconde.

 

« Elles partent se cacher... », continua l'échanie.

 

Xaash scrutait la voûte vide dans les moindres recoins, mais pas une pierre précieuse n'était visible. Elle en déduit qu'éteintes, elles devaient ressembler à de simples cailloux camouflés dans le reste du plafond.

 

« ... comme toi, Xaash... »

 

L'humaine pencha la tête vers Jahnelthra, qui la regardait depuis longtemps avec un air sérieux, plein d'empathie. Elle ne l'avait pas uniquement emmené ici pour le spectacle de lumières. Xaash-tâ réfléchit un moment.

 

« Je suis un sith... la lumière ne m'effraie pas... elle m'est inconnue. »

 

« Je pense plutôt que tu l'as oubliée. Je me rappelle ce que j'ai vu l'autre soir... en te touchant l'esprit. Souviens toi, tu n'es pas qu'ombre et cruauté. »

 

La Dame Pâle fixa le plafond, dissimulant des yeux de Jahnelthra une fois de plus son visage sous sa capuche.

 

« Je ne l'ai peut-être pas toujours été... mais cette partie de moi s'est écroulée sous les flammes il y a bien longtemps. »

 

Aussi clair que pouvait être le cœur de l'échanie, celui de l'humaine semblait inchangeable. La belle lumière qu'elle émettait se faisait absorber par l'ombre éternelle sous la capuche. Tous, dans leur nouvelle petite famille sith, avaient enduré un passé atroce qui les avaient changés, dans leurs actions et leur façon d'être tout comme dans leur avenir, mais ce qu'ils en faisaient, la façon dont ce passé les avaient forgés, déviait complètement. Pour Jahn c’étaient ses amis, et avec, l'espoir qu'ils la comprennent un jour, qui la rendaient plus forte. Pour Andrax, la rage et la haine pompaient son sang dans son corps et lui donnaient un but. Xaash-tâ, elle, utilisait cette triste douleur du passé, et la canalisait pour vaincre. C'était la technique mère du Juyo, appliquée pas seulement au combat, mais à la vie. L'embrassement du code sith dans toute sa splendeur.

Et pourtant, inconsciemment, les trois sith – bien qu'utilisant surtout leur propre méthode de vie – se servaient également un peu de celle des autres. C'était cela qui, peut-être, les liait d'une façon si solide.

Donc Xaash, d'un certain point de vue, était attirée par les ténèbres, comme un papillon de nuit par une lampe dans l'obscurité. C'était à la fois une issue, un appel, et une façon de se nourrir.

 

« Xaash... je t'aime, tu es ma sœur... tu m'as moi, et Andrax... tous les deux à tes côtés. Tu peux encore être heureuse... »

 

C'était trop facile. Elle n'avait pas le droit de dire ça. Il n'y avait pas de réponse à ça, et pourtant ça... n'était pas aussi simple. Xaash se contenta de fermer ses yeux et de pincer ses lèvres. C'était douloureux.

 

Jahnelthra, ressentant toujours la peine de son amie, resta silencieuse. Elle reposa son dos contre la pierre et la mousse, et éteignit à nouveau son sabre. Après quelques instants, les lumières revinrent, une à une, et Xaash put enfin rouvrir ses yeux.

Les cristaux scintillaient de la même façon que des étoiles dans l'espace. Certaines, plus petites que d'autres, certaines plus puissantes, quelques-unes vacillantes, d'autres immobiles. Leur positionnement aussi était aléatoire. Leur nombre était la seule différence au ciel de la nuit vu sous atmosphère. C'était un spectacle... relaxant.

 

« Que lui trouves-tu, à Andrax... ? »

 

Après quelques secondes, l'échanie se mit à rire de sa petite voix fluette. L'envie pour Xaash de changer de sujet était évident depuis longtemps, mais l'alternative était... originale. Avec toujours le même grand sourire, elle tenta de se calmer et observa le regard pâle qui était de retour à ses côtés.

 

« Et bien... il est calme, patient, appliqué, précautionneux, sage, doux... »

Xaash-tâ sourit à son tour. L'échanie était en train d'énumérer toutes les choses que le zabrak n'était pas... du moins au premier abord. Et puis, sans qu'on puisse trouver de transition précise... Jahn se mettait à répondre réellement.

« ...romantique... agréable... tendre... amusant... beau... grand, fort, puissant et encore, irrésistible ! Que veux-tu de plus ? »

 

Jahnelthra se remit à rire. Elle était satisfaite et chanceuse, ça elle le savait. Puis elle reporta son attention sur la sith et son regard perdu.

 

« Qu'y a-t-il ? Tu ne l'aimes pas ? »

 

« Oh, si... », répondit Xaash, sans grand intérêt supplémentaire.

 

A vrai dire, la Dame Pâle ne cherchait pas vraiment les qualités du zabrak en particulier... elle étudiait encore cet étrange sentiment qu'était l'Amour. Elle avait compris qu'il ne s'agissait pas uniquement du physique, ni uniquement du psychique... c'était terriblement complexe, en ayant pourtant l'air si simple... et ça avait l'air... agréable. Sans vraiment se poser les questions, elle cherchait les réponses à plusieurs choses. Si c'était une émotion si puissante, à quelle limite s'étendait le pouvoir de l'Amour, mêlé au côté obscur ? Connaîtrait-elle un jour une telle chose ? Et comment pouvait-ce être plus puissant encore que cette chose si importante pour elle... l'amitié... la famille ?

En vérité... dire que Xaash était amoureuse de Jahnelthra n'était pas entièrement faux. C'était juste un amour... différent. Elle n'était pas jalouse du zabrak, elle ne ressentait pas la même chose qu'Andrax en la voyant, elle n'éprouvait pas l'envie de la prendre dans ses bras, de l'embrasser, ni aucun besoins sexuels. Mais elle partageait cette peur de la perdre... et elle ferait tout pour l'en empêcher. Jahnelthra était plus qu'une sœur pour elle, et elle était aussi tout ce qui lui restait d'humanité. Elle ne le savait juste pas encore.

Un amour différent dans beaucoup de sens... mais peut-être aussi puissant.

 

« T'en fait pas... je reste autant à tes côtés qu'aux siens, sauf la nuit. Et, cette nuit c'est une exception. », assura Jahn.

 

Xaash regarda sa sœur avec un air amusé... Drax n'allait pas être content au lendemain. Depuis que lui et Jahn partageaient le même lit, il détestait dormir seul. Son petit lit Voss commençait à prendre la poussière.

 

« J'ai pas encore sommeil. Discutons un peu plus. Qu'en as-tu pensé du coucher de soleil ? Fabuleux, hein ? », questionna la douce femme en se remuant contre la mousse pour retrouver la parfaite position sur le côté, ses deux mains sous sa joue. Elle fixa l'humaine silencieuse à sa gauche, curieuse.

 

« Fabuleux... », répondit la femme rêveuse, toujours la tête dans les étoiles. Après quelques instants, elle pencha sa tête vers Jahn. Sous la lumière bleue du plafond, ses cheveux blancs et lisses tombaient sur son menton, et projetaient une ombre sur sa joue. Ses iris brillaient toujours des milles étoiles d'une petite galaxie. Son petit nez fin se décalait légèrement alors que le coin de ses lèvres remontait sur un côté pour lui sourire tendrement. Les yeux de Xaash passaient d'une merveille à une autre ce soir-là.

« Merci Jahn... »

 

L'échanie se contenta de battre ses paupières en gardant son sourire, scrutant aussi le visage, fissuré mais calme, qu'elle avait en face d'elle. Les marques gravées au barbelé dans sa peau faisaient partie d'elle, les yeux rouges d'un sith menaçant étaient paisibles, les dessins sur ses lèvres épousaient le sourire qu'elle lui offrait en retour. La même beauté qu'elle avait aperçue tout là-haut n'avait pas disparu avec le soleil. Elle était fière d'elle.

 

« J'étais surprise de voir qu'Andrax aussi avait apprécié. », continua-t-elle en se retournant vers les petites étoiles. « C'est un guerrier, mais il peut apprécier la lente beauté d'un paysage, sans qu'il y ait des flammes et du sang de partout. »

 

« Un guerrier venant d'une planète à deux soleils, qui l'eût cru ? », rajouta Xaash.

 

« J'ai remarqué que lui et ma cousine se jettent des regards tueurs depuis un certain temps. A mon avis elle doit le taquiner de temps en temps. Ça ne m'étonnerait pas qu'ils se battent un de ces jours, juste pour voir qui est le plus fort. », soupira l'échanie.

 

Après quelques secondes dans le silence de la grotte, Xaash prononça d'une voix quasi nostalgique : « Tu te souviens de notre premier duel "officiel", face aux surveillants ? »

 

Jahn ouvrit grand sa bouche et ses yeux, et se retourna vers elle, amusée.

 

« Korriban, fin de la dernière année, …Il avait duré si longtemps que les surveillants en avaient eu marre ! », se rappela-t-elle en riant sur les derniers mots.

 

« Tous les autres s'étaient tranché quelque chose et gisaient sur le sol autour de nous en pleurant. Au bout de quoi ? Quinze ? Vingt minutes ? Ils ont décidé de nous garder toutes les deux. », ajouta Xaash.

 

« Et tu ne retenais vraiment pas tes coups, j'ai bien failli y passer à chaque seconde. A l'époque on ne se connaissait pas aussi bien. …Rien à voir avec notre vrai premier duel. »

 

« Je devais te tuer, c’étaient les ordres. Et tu devais en faire de même. Je ne me souviens pas que tu aies montré de la pitié toi non plus... »

 

« J'étais bloquée en défense... »

 

« ...sauf au début ! », articulèrent-elles en même temps. Les deux sith se mirent à rire, ensemble. Puis Xaash revint sur leur premier vrai duel.

 

« Je t’avais sous-estimée à l’époque du premier affrontement. Je t’avais prise pour une petite victime chanceuse. Ce jour-là, lorsque le petit chaton blanc que tu étais a bondi sur moi tel un nexu affamé, je n’ai rien vu venir. »

 

« Mon enfance sur Eshan m’a bien sauvé ce jour-là. On m’a appris à me battre sans pitié, avec ou sans armes, à être efficace et à ne pas laisser de chances à l’adversaire… mon apparence n’avait rien à voir avec ma façon de me battre. »

 

Jahnelthra repensa à son expérience sur la planète rouge et à la façon dont elle y avait voyagé. Elle fixa un cristal parmi le nuage d’étoiles et son sourire s’effaça un instant.

 

« Les premiers jours, je n’étais pas la même… je pensais que j’allais mourir dans ces effrayantes catacombes, et que la galaxie m’oublierait… J’y comptais bien, à vrai dire. »

 

« Qu’est ce qui a changé ? », demanda Xaash, fronçant les sourcils.

 

« …Je t’ai rencontrée. »

 

La Dame Pâle souffla délicatement du nez en souriant à nouveau vers Jahn, flattée. Elle connaissait quelques petits éléments de son passé, mais l’échanie en gardait la plus grande part verrouillé à double tour, et ce n’était pas la peine de lui en demander plus. L’intéressé devait juste être patient.

 

Elles discutèrent encore deux bonnes heures, et varièrent les sujets abondamment. Elles partagèrent leurs espoirs pour les prochaines missions à venir, Xaash rêvant d’un bon combat contre une armée, Jahnelthra pensant plus à une bonne destination paradisiaque. Puis elles dérivèrent dans la cuisine, mais l'humaine ne fut pas très bavarde, et elles changèrent vers le nouvel animal de Jahn, un bébé blurrg verdâtre qui répondait au nom - stupide d’après Xaash - de Kiwi. Ensuite elles comptèrent d’autres histoires passionnantes, de Korriban à Kaas, tout en sortant également des systèmes impériaux.

 

Jahnelthra savait raconter des histoires. Bien que certains éléments semblaient trop parfaits pour avoir été racontés dans une vérité totale, ses petites exagérations rajoutaient de belles couleurs sans dévier trop de la réalité. A la façon dont elle décrivait les lieux, les visages, et aux voix qu’elle tentait d’imiter, on pouvait comprendre qu’elle avait une mémoire puissante et une imagination débordante. Et ses histoires pouvaient durer pour toujours, tant qu’elle parlait Xaash-tâ écoutait.

 

« … et le temps qu’il lève la tête il était déjà trop tard. Il ne m’a plus jamais contactée après ça, bizarrement... », conclut l’échanie d’une voix grave.

 

Xaash transformait ses rires en petits gloussements, et retira ses gants pour essuyer ses paupières fatiguées. Lorsqu’elle rouvrit ses yeux, Jahn baillait sauvagement devant elle, croyant être à l’abri de son regard. Elle s’excusa en tentant de cacher sa bouche en panique, mais il était trop tard. Les manières des modestes, parfois. Elle rit de sa propre habitude de noble et tira la langue en rouvrant la bouche en grand. En effet, lorsque seule avec Xaash, elle pouvait faire ce qu’elle voulait.

 

« Ouais, c’est peut-être l’heure… La première qui se réveille demain réveille l’autre ? »

 

« D’accord. », murmura Xaash en se retournant vers les étoiles une dernière fois. Quel endroit magnifique. Elle soupira et ferma les yeux.

 

Le petit vent au dehors résonnait toujours à peine dans la grotte, les quelques gouttes du fond de la caverne humide rythmaient ce petit concert lentement, et tout devenait de plus en plus calme, de plus en plus lent, comme si Yavin savait que ses deux hôtes s’apprêtaient à s’endormir. Au loin, très loin, un woolamandre hurlait sur un rocher surplombant les arbres, mais sa voix n’atteignait même pas l’entrée du tunnel dans la falaise.

Sous les doigts de Xaash, la mousse chauffée par son propre corps était toute aussi agréable qu’un gros duvet, et dégageait un infime parfum, similaire aux herbes sauvages qu’utilisaient les cuistots de l’échanie.

 

 

 

« Xaash… »

 

La jeune femme tourna la tête et ouvrit ses yeux vers Jahnelthra.

 

« Rapproches-toi. », murmura l’échanie en ouvrant ses bras fatigués.

 

D’abord hésitante, Xaash se décala sur sa droite et se faufila dans les bras accueillants, qui se refermèrent sur elle comme une plante carnivore. Un peu à l’étroit, elle finit par épouser le geste et déposa ses mains dans le dos de Jahn, sa joue contre son épaule gauche, son nez et son front contre son cou. Sans vraiment le remarquer, dans le geste, elle sortit sa tête de sa capuche, comme une petite souris sortant enfin de son trou. Le voile sombre se retroussa contre son dos, sur la mousse. Jahnelthra cala sa joue sur le haut de la tête de sa sœur, et soupira en reposant ses paupières, un sourire en coin. Xaash entendit l’air de son soupire passer dans sa trachée, fuyant son petit museau en caressant chaudement son propre crâne chauve. Elle sentit la petite étreinte supplémentaire autour d’elle, et l’appliqua elle aussi sur sa frangine. La chaleur de ce câlin lui rappela les tendres étreintes de sa mère. Elle ferma les yeux, et ne bougea plus de la nuit.

Ce n’était pas si mal, en fin de compte…

 

« Bonne nuit, grande sœur. », susurra Jahnelthra.

« Bonne nuit. », répondit Xaash-tâ.


 

 



A leur réveil, le soleil avait déjà remonté l’échelle astrale. Ses rayons éclairaient le long tunnel de pierre à travers les nombreuses petites fentes voilées, comme prédit, et les oiseaux chantaient déjà au-dehors. Lorsque les paupières de l’échanie s’ouvrirent comme des roses au matin, la grotte dévoila ses vraies couleurs. La roche ambrée, la mousse verte, les petits champignons et les halos de lumière de partout, perçant la longue gorge tous les quelques mètres. La tête de Xaash était toujours appuyée sur son épaule, la bouche entrouverte, profitant des dernières secondes d’une nuit si paisible. La meilleure depuis longtemps, peut-être la meilleure depuis toujours.

« Xaaaaaaash… », chanta l’échanie dans son oreille. « Réveille-toi… Regarde… »

La jeune sith ferma délicatement la bouche et ouvrit lentement ses yeux, d’abord plissés. Elle regarda Jahnelthra tendrement, puis dévia son regard vers les murs du tunnel enchanté. C’était joli… mais les petites étoiles avaient disparu. Dans un coin un peu plus loin, une statue plus ou moins épargnée par la mousse reposait contre la roche, et bien que la sortie n’était pas visible, le mur à leur gauche était assez éclairé pour deviner la direction.

« Allez, il faut y aller, Andrax doit être furieux. », plaisanta la femme en se relevant, passant ses doigts dans sa coiffure et la secouant rapidement.

Xaash s’assit, remit sa capuche, et attendit que Jahn soit prête pour se lever. En avançant vers la lumière, elle se pencha sur le côté sans s’arrêter, et le sabre de l’échanie s’arracha de la pierre pour voler vers sa main. Elle le tendit à sa propriétaire, qui l’avait tout bonnement oublié.

 

« Oh ! Merci. »
 

 



A l’extérieur, le zabrak attendait en plein soleil, sur la grande place de l’arrière-cour. Les bras croisés, le regard dur, tapotant du pied et regardant de gauche à droite, il ne cessa que lorsqu’il vit les deux sith avancer vers lui. Il souffla par le nez comme un buffle et fixa l’échanie et son sourire désolé, exagéré.

« Z’étiez où ?... »

Jahnelthra n’attendit pas et lui sauta au cou, caressant l’arête de son nez contre sa mâchoire rouge. Le grand zabrak garda son air renfrogné, mais relâcha sa position raide. Il baissa les bras, mais ne les plaça pas immédiatement dans de dos de sa bien-aimée. Il l’avait attendue longtemps la nuit dernière, et était planté là, dehors, depuis au moins quarante minutes. Mais l’air sur le visage de Jahn était difficile à résister.

« Tu as bien roupillé, Sú-u ? ...Je suis désolée, on a dormi à la belle étoile. », expliqua la femme sous sa coiffure blanche, avant de l’embrasser.

« La belle étoile… ? Avec ces nuages… ? »

 

Jahnelthra garda ses bras autour du cou du zabrak sceptique et se tourna vers Xaash, qui remontait l’un de ses gants. Elle lui rendit ce regard clair.

 

« On a eu de la chance, c’est tout… », décida de compléter l’humaine en gardant un certain mystère pour elles seules.

 

Jahn sourit et laissa sa tête se nicher à nouveau sur l’épaule du grand sith. Andrax se retourna en soulevant la légère échanie par la seule force de son propre cou. Jahnelthra descendit et suivit le zabrak vers le temple, serrant sa main dans la sienne, lançant un regard malin à sa sœur à sa gauche, sans dévier la tête.

 

« Je vous ai pas attendues pour le p'tit dej… Lizz non plus. », lança le zabrak, d’un air ni rageur, ni désolé.

 

La trinité sith descendit les petits escaliers de pierre et entra dans le premier bâtiment à gauche, leur chambre commune. Deux gardes à l’entrée se mirent au garde à vous, alors qu’ils s’endormaient sur place, à cause de la longue nuit de surveillance qu’ils avaient subie. Andrax n’avait pas besoin d’eux, mais ne les avait pas congédiés non plus, et ils étaient restés là, comme à chaque soir, à geler dans leur armures de métal à cause du vent frais de la nuit, pour rien.

Arrivés en haut du bâtiment, les trois sith rejoignirent la petite twi’lek sur la terrasse aménagée sur le toit. Alors qu’elle jouait avec les vignes de la pergola, se faisant une couronne qui fondait en un protège-lekkus, le zabrak saisit une petite grappe qui pendait à sa tempe et goba les minuscules fruits ronds un à un. Jahnelthra et Xaash s’assirent à la petite table et se servirent du petit déjeuner. Derrière la grande silhouette du zabrak et celle de sa petite twi’lek, le soleil se battait pour sortir d’un nuage gris. Lorsque vaincue, la masse cotonneuse laissa les premiers rayons dorés transpercer sa surface, Xaash-tâ observa la lumière toucher les eaux rapides des cascades argentées. La vapeur se répandait sur la passerelle ornée de palmiers qui reliait les deux parties de la forteresse. Les masses de pierre sur le flanc de la petite cité enchantée se baignaient du jaune scintillant de la grande étoile. Les formes dans la roche dessinaient de belles ombres, qui changeaient au fil des minutes, et ne reviendraient qu’au lendemain. Un peu plus loin, la grande statue de Naga Sadow maintenait son épée, cachées toutes deux dans un coin sans lumière. Les bannières de l'Empire chutaient depuis les hauteurs du bâtiment central et des deux salles qui l'entouraient. La piscine, de l’autre côté, se faisait nettoyer par les hommes de l’échanie, et son eau arrosait désormais les plantes du petit jardin artificiel du toit voisin, au-dessus du balcon du restaurant. La beauté de cette forteresse était immortelle. Les souvenirs qu’elle gardait enfouis dans ses veines, et ceux qui demeuraient à forger, resteraient gravés dans son histoire pour toujours.

Le calme de ce lieu utopique ne pouvait être dérangé, jamais.

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