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Ryptide: Souviens-toi

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[Enfant de l’Empire, lève-toi et sors du rang. La tête haute, le dos droit, et le cœur pur. Laisse la peur derrière, et marche vers ta gloire, vers la promesse d’un monde meilleur.

Porte nos couleurs, chante notre hymne et transmet nos valeurs où que tu ailles, car le chemin qui t’attend est rude et sauvage. Où que la mission te mènera, notre bannière te couvrira, et lorsque tu combattras le chaos pour l’ordre, tu sauras pour qui tu t’épuises. Tu te souviendras de ton fils, de ta fille, de ta promise, de ta mère, de  Ì¶t̶o̶n̶ ̶p̶è̶r̶e̶ et de ses ancêtres, qui te regardent à tout moment. Tu te souviendras de Dromund Kaas, de son peuple, et de chaque être qui t’as souri tendrement. Tu te souviendras de ton Empereur, à qui tu dois ton plein salut, et qui se souviendra de toi. Quel que soit ton bataillon, ta motivation ou ton affectation, il te regardera et t’aimera comme un fils.

Et si tu meurs, face à l’ennemi pernicieux, tu mourras dans la gloire et l’honneur d’un digne enfant de l’Empire. Mais en attendant ce jour enivrant, lève-toi et rejoins ton rang. La tête haute, le dos droit, et le cœur pur. Car tu sais pour qui tu pleures, tu saignes et tu tombes. Et il n’y a que lorsque l’on sait pourquoi l’on se bat que l’on peut espérer remporter la victoire.

Gloire à l’Empire !

 

- Bureau de l’Offensive Militaire -]

 

 

 

[ Carnet de bord de Tommas Ryptide – Élève en Renseignements – Division Dorn ]

 

 

[Page 3]

Raxus II, jour 2

 

Depuis mon départ de la capitale j’ai ce pesant sentiment qui me suit. Je devrais avoir l’habitude, mais ici, vu les circonstances, c’est plus lourd. Les hommes me regardent. Ils ne se gênent pas, ne font même pas semblant de m’ignorer. Ils me fixent, menaçants, haineux. Ici les aliens ne sont pas seulement les bêtes de foire, ils sont les lâches, les toxiques, les traîtres… surtout un jeune étudiant comme moi, j’imagine. Tout ça à cause de ma peau bleue.

Écrire ce petit journal me servira pour mes rapports à l’Académie. Les détails de Ryloth et Quesh m’ont échappé, ce qui a affecté ma note au semestre dernier. Quoi qu’il en soit, le 1er mois sur cet étrange caillou promet d’être amical. Je suis assigné à la division Dorn cette fois, donc les flammes et les cris de l’action seront distants. (En division Aurek, c’était chaud.) Ce qui veut dire plus de temps avec les camarades, ceux-là même qui semblent vouloir me cracher à la figure à tout instant. Même s’ils font presque deux fois ma taille, ils ne devraient pas lever la main sur moi. Mais je ne suis pas à l’abri de vilaines farces et humiliations. Comme le mois dernier.

Il y a tout de même deux trois autres élèves avec nous. Humains, mais également petits face aux soldats, qui eux sont emplis de chaos chaque jour sur le front. Ce ne sont pas tous de bonnes personnes, mais ils font leur devoir, et c’est pour les aider que nous sommes à leurs côtés. Et pour apprendre. Ce sont les futurs héros de notre civilisation, et nous nous devons de leur apporter nourriture, munitions et courrier. Un jour, bien après toutes ces tâches peu héroïques mais pourtant essentielles, ce sera à nous, futur héros, de tenir le fusil, le blaster et l’étendard.

Pour mon temps libre, je n’ai rien emmené. Le soir, j’écrirai parfois dans ce journal, quand j’aurai le temps. Et pour ce qui est de la lecture, je me contenterai de cette carte de notre cher bureau de l’Offensive Militaire. C’est bien écrit. Un mot au centre ne me plaît pas, mais sinon je me reconnais bien là.

Aujourd’hui journée visite, orientation et mise en place, demain, on rejoint le front. Je ferais mieux de dormir. Les obus grondent loin, très loin de la base. Je dois en profiter.

 

 

[Page 4]

Raxus II, jour 5

 

Moi qui me plaignais des rations sur Quesh. Comment peut-on faire pire que de la nourriture servie sur une planète empoisonnée ? Les réfectoires de Kaas me manquent déjà. Même une barre de pudding énergétique serait un délice à côté. Ici tout est fade, gris, maculé de boue et d’inattention. Et pourtant les soldats font la queue. Ils ne semblent plus craindre mon venin de chiss. Ils ont faim, et ce que je leur sers chaque jour semble être pour eux le plus succulent moment de leur journée : Bouillie de patates de la crête de Fenell, ou comme on l’appelle ici, Po’ridge …rien à voir avec cet autre plat.

Je me suis déjà fait quelques connaissances à ma grande surprise. Dès le deuxième jour au front, un étudiant,  Ì¶d̶o̶n̶t̶ ̶j̶’̶a̶i̶ ̶o̶u̶b̶l̶i̶é̶ ̶l̶e̶ ̶n̶o̶m̶ <Eyrix, m’a interpellé. Nous avons discuté quelque temps – il semble en accord avec tous mes principes, un garçon sérieux et bonnard, à première vue - puis il m’a présenté à ses amis. L’un d’eux est une perche qui semble optimiste à tout moment, un autre est plus jeune, petit et timide, il faudra le pousser un peu, et le dernier est bègue. Ils ne sont pas de DK, mais ils ont tous l’air corrects... Du côté des soldats, j’ai un peu échangé avec le cadet Skyld, qui m’a l’air un bon modèle pour mon rapport… et j’ai fait la connaissance de Bog, un homme tout à fait répugnant. Le cliché même de la brute sans honneur. Face aux types comme lui : yeux au sol et rage dans la poche.

Pas beaucoup d’action pour l’instant, juste servir la bouillie pour les soldats qui reviennent entiers… et "déposséder" ceux qui reviennent en bouillie. Tous leurs biens reviennent à l’Empire. Sauf pour les haut-gradés ayant une dérogation approuvée dans leur gilet. Nous avons vu les chef-d’œuvre de la guerre, les tableaux abstraits de leurs visages difformes, les cicatrices improbables, les prothèses provisoires, bien qu’originales et créatives parfois.

L’un des soldats est fou. Il n’a rien de brisé, outre son esprit. Il déambule les nuits, marmonne, pleure, tremble et se serre les bras, le regard aussi vide qu’un aveugle. Parfois les souffrances les plus grandes ne sont pas visibles de tous. J’espère ne jamais finir comme lui. …Aucune chance.

 

 

[Page 5]

Raxus II, jour 11

 

Skyld est génial ! Je le valoriserai tel le héros qu’il est lors de mon rapport pour l’Académie. Il me prend sous son aile lorsque j’ai du temps libre le soir, et me donne tout plein de conseils pour devenir sniper. Je pense bien que c’est ma voie. C’est fascinant ! Il m’a laissé essayer son vieux fusil à lunette STK-20 contre des casques récupérés dans les cratères. Une fois à l’écart des campements, dans une forêt tout proche, je peux m’entrainer sans crainte. Le major n’approuverait pas… :) mais il me remerciera un jour. Lorsque je serai aussi doué que Skyld !

Skyld est un brave homme, une soixantaine d’années max, cheveux gris, courts, en pétard, pire que le no man’s land. Son visage sec et costaud a vu tant de choses. Il me les raconte si bien.  Ì¶S̶i̶ ̶m̶o̶n̶ ̶p̶r̶o̶p̶r̶e̶ ̶p̶a̶t̶e̶r̶n̶e̶l̶ ̶a̶v̶a̶i̶t̶ ̶p̶r̶i̶s̶ ̶l̶a̶ ̶p̶e̶i̶n̶e̶ ̶d̶e̶ ̶m̶e̶ ̶r̶a̶c̶o̶n̶t̶e̶r̶ ̶s̶a̶ ̶v̶i̶e̶ ̶d̶e̶ ̶l̶a̶ ̶m̶ê̶m̶e̶ ̶f̶a̶ç̶o̶n̶,̶ ̶a̶u̶ ̶l̶i̶e̶u̶ ̶d̶e̶ ̶s̶e̶s̶ ̶c̶o̶n̶s̶t̶a̶n̶t̶e̶s̶ ̶l̶e̶ç̶o̶n̶s̶ ̶e̶t̶ ̶c̶o̶r̶r̶e̶c̶t̶i̶o̶n̶s̶…̶ ̶p̶e̶u̶t̶-̶ê̶t̶r̶e̶ ̶a̶u̶r̶i̶o̶n̶s̶-̶n̶o̶u̶s̶ ̶p̶u̶ ̶n̶o̶u̶s̶ ̶e̶n̶t̶e̶n̶d̶r̶e̶.̶ ̶A̶u̶ ̶l̶i̶e̶u̶ ̶d̶e̶ ̶ç̶a̶,̶ ̶j̶e̶ ̶n̶e̶ ̶m̶e̶ ̶s̶o̶u̶v̶i̶e̶n̶s̶ ̶q̶u̶e̶ ̶d̶e̶s̶ ̶p̶o̶i̶n̶g̶s̶,̶ ̶d̶e̶s̶ ̶g̶i̶f̶l̶e̶s̶ ̶e̶t̶ ̶d̶e̶s̶ ̶h̶u̶m̶i̶l̶i̶a̶t̶i̶o̶n̶s̶.̶ ̶E̶t̶ ̶c̶’̶e̶s̶t̶ ̶t̶r̶è̶s̶ ̶b̶i̶e̶n̶ ̶c̶o̶m̶m̶e̶ ̶ç̶a̶.̶ ̶Q̶u̶’̶i̶l̶ ̶p̶o̶u̶r̶r̶i̶s̶s̶e̶ ̶d̶a̶n̶s̶ ̶m̶a̶ ̶h̶a̶i̶n̶e̶,̶ ̶j̶u̶s̶q̶u̶’̶à̶ ̶s̶a̶ ̶m̶o̶r̶t̶.̶ ̶C̶e̶ ̶c̶r̶o̶û̶t̶o̶n̶ ̶s̶a̶n̶s̶ ̶t̶a̶l̶e̶n̶t̶ ̶n̶e̶

Eyrix et moi discutons souvent aussi. Ses amis - Jo (la perche), Lev (le petit) et K-k-k-k-k-Kwellin - sont souvent mandés ailleurs. Lui veut rejoindre la Navy. Il rêve de survoler Coruscant et d’être la dernière personne à pouvoir le faire. « Planer au-dessus des flammes et de la fumée avec le sourire aux lèvres. », comme il dit. Son frère est mort dans un des bombardements sur Ord Radama (à renseigner) il y a 4 ans. Ces chiens méritent l’assaut qu’on leur prépare ici, demain matin.

Bog le colosse prend l’habitude de me bousculer dans la tranchée. Je ne peux pas répondre. Il combat bien, à ce qu’on dit, mais c’est une enflure. Je n’aime vraiment pas sa façon de jouer avec la pointe de son coutelas, en me fixant. Mais il fait ça avec tout le monde. Il dépasse toute la queue pour le repas, et a failli me prendre par le col quand je lui ai dit que j’étais obligé de lui servir une portion égale aux autres. Heureusement que le major était pas loin.

Sinon tout est passionnant. Mentor, collègues, avenir, expérience… je trouve tout ce dont j’ai besoin ici. J’attends l’assaut avec impatience…

 

 

[Page 9]

Raxus II, jour 28

 

Aujourd’hui, lors de notre ronde pour aller chercher les cadavres, je me suis un peu éloigné du groupe. Arrivé à un marais en contrebas du champ de bataille, j’ai trouvé un soldat, un des nôtres. Il était coincé dans un amas de ronces, probablement depuis des jours. Il lui manquait une main, et avait reçu un coup en pleine poitrine. Mais il restait là, à genoux dans la boue, les bras et la gorge attachés par les ronces, et me fixait sans dire un mot. Il était vivant, mais respirait à peine. Je ne saurais dire s’il s’accrochait à la vie, ou s’il n’attendait que la mort... Je l’ai laissé là. Je suis remonté rejoindre les autres, et je les ai aidés avec leurs cadavres. Il ne pouvait pas être sauvé. Lui ôter la vie ? Faire preuve de miséricorde ? Je ne crois pas que c’est ce qu’il aurait vraiment voulu. La souffrance est naturelle au fond. C’est la douleur qui nous rappelle que nous sommes en vie. C’est la belle différence entre nous et nos droïdes.

Eyrix, lui, a trouvé le sabre laser qu’un de nos sith a perdu. Il est tout fier. Malheureusement, on est trop jeunes pour recevoir des promotions. On est que des élèves après tout, ici pour apprendre et servir. Eyrix m’amuse. Sur le chemin du retour, il s’entraînait à plier le genou pour rendre le sabre à son propriétaire dignement. Il ne doit pas le dire au major, ou c’est lui qui prendra tous les honneurs à sa place. Ce gros radin ne se gênerait pas. D’ailleurs, hier il a nommé Skyld enseigne. C’est plus que mérité. Et moi de mon côté, je commence à vraiment bien m’en sortir avec un fusil à lunette. Portée d’un kilomètre à tester bientôt ! Dommage, j’aurai pu aider au combat. Au lieu de ça, c’est Po’ridge, munitions, livraisons et ramassage + dépossession des macchabées. (J’ai quand même pu garder un magnifique petit blaster pour moi seul. Un véritable joyau.)

Enfin… le mois est presque fini, dans deux jours on rentre chez nous. Bosser assis derrière notre bureau à l’Académie. Et dans un mois, on revient tous plus motivés que jamais !

 

 

[Page 11]

Racksuce II, mois 2, jour 1

 

C’est la fête ! A peine on retuorne sur Racksuce que notre division elle a gagné. On a percé leur ligne ilsont reculé--------> loiiiiiiiiiiiin dans leur tranchée, mais on on arrêtera pas la ! On va les écraser encore plus demain, mais cesouar c’est la FETE. Norlamement on a pas le droit de boire mais Skyld il m’a trop manqué il nous a filé une bouteille d’eau… shhhhhhhhhhhhht_________, c’est pas de l’eau même si c’est marqué. On la’ fini avec Eyrix et les  Ì¶a̶u̶t̶r̶e̶s̶.̶ ̶A̶ ̶l̶a̶ ̶f̶i̶n̶ ̶a̶u̶ ̶m̶i̶l̶i̶e̶u̶ ̶d̶ans la soirée K-k-k-k-k-Kwellin m’a cogné je sais pas pour quoi… J’ai rien dit c’est vrai en +. Je l’aime je les aime tous c’est  Ì¶m̶e̶s̶ ̶f̶r̶è̶r̶e̶s̶. Enf Ì¶i̶n̶ ̶p̶a̶s̶ ̶b̶i̶o̶l̶o̶g̶i̶q̶u̶e̶s̶ ̶m̶a̶i̶ ̶f̶a̶ç̶o̶n̶ ̶d̶e̶ ̶p̶a̶r̶l̶e̶r̶.̶ ̶S̶i̶ ̶m̶on papa me voyait il serait pas conten Ì¶t̶ non. Oh non..           m’a     batu    l’autre      jour   avec   sa ceinture j’ai rien senti hahaha m’en fiche ca chatuouilyai. Maintenant il est loiiiiiiiiiiiin. Mam Ì¶a̶n̶ ̶e̶l̶l̶e̶ ̶m̶’̶a̶ ̶d̶i̶t̶ ̶«Ì¶ ̶T̶o̶m̶m̶a̶s̶ ̶t̶u̶ ̶ ̶ ̶ ̶ ̶ ̶n̶a̶n̶ ̶j̶e̶ ̶m̶e̶ ̶r̶a̶p̶p̶e̶l̶l̶e̶ ̶p̶l̶u̶…̶ Skyld c’est un Brave gars monte vite c’est un sous-lieutenant maintenant comme père. Il a pris la place du sous-lieutenant quand le sous-lieutenant a maché sur un mine. Pourquoi il a fait ça ? C’est con (à rensaigner))) [mot gribouillé illisible] mais  Ì¶m̶a̶i̶n̶t̶e̶n̶a̶n̶t̶ ̶c̶’̶e̶s̶t̶ ̶S̶k̶y̶l̶d̶ ̶l̶e̶ ̶l̶e̶ ̶l̶e̶ ̶s̶o̶u̶s̶-̶l̶i̶e̶u̶t̶e̶n̶a̶n̶t̶. <déjà dit HAH suis torché________

Bonne nuit Tommas <3

 

 

[Page 12]

Raxus II, mois 2, jour 2

 

Lendemain d’une cuite monumentale. Mes souvenirs sont très flous, mais retomber sur mes notes d’hier soir m’a bien fait rire. A garder précieusement… Journée plutôt tranquille. J’ai mal à la tête et j’ai un œil au bord noir mais le pire c’est mon estomac. Aucune idée de ce qu’il y avait dans cette bouteille.

Il commence à faire sombre, je suis couché à l’infirmerie, camp Xesh, j’attends que les pilules fassent effet. L’infirmière est charmante. Elle garde le secret de mon état. Le major aurait pu me renvoyer chez moi s’il était seulement capable de marcher jusqu’ici. Il a bu plus que nous quatre, m’a-t-elle dit. L’avancée de la République était quasi nulle aujourd’hui, nous n’arrêtons pas les hostilités pour autant.

Lev et Jo partaient de l’infirmerie quand j’entrais. Même état, mais Jo faisait semblant d’être en pleine forme. Même le jour où on l’enterrera il aura le sourire lui. Lev m’a donné un câlin, je n’ai aucune idée pourquoi. Il doit me prendre pour un grand-frère, je l’ai laissé faire. Il est sensible… Il va aussi falloir que j’aille m’excuser auprès de Kwellin, ou qu’il s’excuse lui, je n’en sais fichtrement rien... Et à midi, Bog a encore fait des siennes. Il a étranglé un type en plein repas. Il a fallu les séparer. Hier a causé du tort à pas mal de monde j’imagine.

Tout à l’heure, un homme est venu pour ramener à la capitale quelques blessés qu’il a méticuleusement sélectionnés. Un homme grand, assez pâle et chauve, vêtu d’une longue chemise blanche. Au vu du regard sur les blessés, tout plein de rumeurs se propagent. Des expériences médicales, des trucs pas normaux… Mais je n’en crois rien. La guerre rend parano, c’est connu. Dans le lit à côté, un homme s’est fait recoudre le pied gauche. Il est endormi, mais sa jambe dépasse du drap encore rouge. Je ne suis même pas sûr que ce soit son propre pied. Le travail a été bâclé, mais voilà, on manque de moyens. Ça remplacera une prothèse… peut-être. Aussi, le droïde médical est tombé en panne il y a quelques jours. Son corps est assis, fatigué, dans le coin de la tente blanche. Il me fixe avec ses trois yeux ronds, tel le cadavre du soldat aux ronces… Mais mon ventre va déjà mieux.

 

 

[Page 15]

Raxus II, mois 2, jour 6

 

Bog a eu ce qu’il méritait. Après m’avoir bousculé une fois de trop, j’ai décidé d’agir, pour ma propre conscience. Je suis allé voir l’infirmière avec une requête spéciale, quelque peu gênante, et à midi, j’ai mélangé une tonne de laxatif au Po’ridge de cette brute. Il a perdu toute dignité au premier obus tombé, avant même de sortir de la tranchée. Désormais, il est la risée de sa division, et ne me suspecte même pas. Eyrix m’a baisé la main en l’apprenant. Nous avons passé le reste de l’après-midi à chasser les womps de la cuisine et à rire.

Skyld m’a ensuite emmené faire un tour en speeder, dans un canyon reculé. J’ai terriblement progressé au tir, et c’est uniquement grâce à lui. J’aurai de l’avance l’année prochaine, sur Kaas. Je lui dois tant. Il m’apprécie pour qui je suis, et me soutiens plus que n’importe qui ne l’a fait jusqu’ici. Lorsque je serai un héros pour mon peuple, les préjugés n’auront plus leur place. C’est ce qu’il m’a dit.

Pourtant, lorsque nous sommes rentrés, il faisait déjà sombre, et le major nous a interpellé. Il m’a soulevé par le col, de son bras cybernétique, et m’a inspecté comme un gorog le ferait avec sa proie. Je pouvais voir dans ses yeux le reflet écarlate des miens, et le rejet qu’il éprouvait pour eux. Puis il a monté la voix vers Skyld, qui n’a pas pu lui faire face trop longtemps. J’ai vu dans les yeux de mon mentor qu’il allait faire quelque chose au major qu’il regretterait vite, alors il a bien fait de se contenir. Ça n’en valait pas la peine. Et puis dans un sens le major avait raison. Pas de privilèges avec les étudiants. Mais deux pas plus loin, Skyld m’a donné ce clin d’œil... Celui qui ne veut dire qu’une chose : Ne l’écoute pas. Demain, on y retourne.

Enfin, quand je suis allé rejoindre ma tente, après avoir bossé tard à la plonge pendant trois heures, j’ai recroisé l’infirmière. Elle était si gentille, je l’ai invité à l’intérieur pour une boisson chaude. Nous avons discuté toute la nuit… C’est une belle jeune femme, si douce, si attentionnée, mais forte. Qu’elle ait une douzaine d’années de plus que moi ne nous a pas empêché de s’amuser.

 

 

[Page 22]

Raxus II, mois 2, jour 17

 

Les renforts sont là ! On commençait tous à s’inquiéter petit à petit, mais ils sont arrivés. Un char empli de nouveaux soldats, trois marcheurs tout frais, et cinq seigneurs sith. La République n’a qu’à bien se tenir. Elle avait pas mal de coups d’avance depuis quelque temps, mais ces monstres vont vite comprendre. Ils ne méritent aucune pitié.

Lev est revenu... Il était parti tôt hier matin, pour une ronde avec son groupe, récupérer des munitions au sol, et personne ne l’a vu rentrer. Puis aujourd’hui, en fin d’après-midi, nos hommes l’ont retrouvé, airant seul sur le no man’s land, le bras droit amputé. Il a passé la nuit chez ces foutus chiens, qui ont dû le recoudre comme les barbares qu’ils sont. Ils l’ont peut-être torturé… Il ne nous parle plus, son regard est livide, comme s’il avait vu la mort là-bas. Ils l’ont surement relâché pour faire passer un message… ou par peur de garder un otage trop sensible. J’imagine que c’est son paternel qui nous a offert les renforts. Pour le retrouver. Son père est quelqu’un d’important si j’ai bien compris. Un grand général, à la réputation de boucher. Tant mieux. Je hais notre ennemi. Je le hais avec force !

Je suis en ce moment même assis dans la boue, dos au campement qui éclaire la nuit noire, faisant face aux rugissements des sabres laser, des canons et des bombes qui résonnent à quelques kilomètres. Je vois les lueurs rouges, orangées, jaunes, perforant les ténèbres, le brouillard et le mensonge du côté de la République. Qu’ils meurent TOUS. Que nos flammes révèlent enfin à la galaxie le mal dont ils sont capables, ainsi que l’arrogance et l’hypocrisie dont ils font preuve.

Quelle étrange soirée. Dans ma colère, je me remémore les mots de mon père, aux premiers repas lorsqu’il rentrait à la maison. Je ressens enfin la même passion ardente, ce même feu dont je ne pouvais qu’entendre crépiter les mots dans sa bouche. Tout ce pourquoi mes parents m’ont préparé avec vigueur, cette hargne pour me corriger à tout instant, pour me pousser à être le modèle parfait de l’Empire… jamais je ne leur serais assez reconnaissant. A la fin du voyage, mon père a fait ce qu’il devait faire, et j’ai été arrogant de le renier dans tous ses aspects. Nous sommes reliés sur ce point, et je m’en souviendrai…

C’est le pire des hommes bons.

 

 

[Page 32]

Raxus II, mois 2, jour 29

 

Mon deuxième mois est presque achevé sur Raxus, et je ne sais avec quelle Ì¶f̶o̶r̶c̶e̶ motivation je parviendrai à revenir pour mon troisième. Je veux rentrer, je veux méditer, et surtout, je veux être loin de toute cette histoire. Loin de cette douleur, et de cette rage.

Skyld est parti. Mon vieil ami, mon mentor, pour qui j’avais tant d’affection, de respect, d’admiration… était un agent de la République. Il s’est joué de nous depuis le début. Il y a tout juste deux jours, il venait d’être promu lieutenant. Pour avoir sauvé la peau du major. Un acte héroïque de plus, avant la révélation ultime. Nos espions l’ont vu, armé de son shotgun, abattre les deux soldats qui l’accompagnaient pour les pourparlers, et rejoindre le général mon calamari d’en face. On pense qu’il leur a donné tout plein d’infos sur nous, nos stocks, nos nombres, nos tactiques, tout… et ensuite il a quitté la planète. C’est à cause de lui que l’ennemi avait souvent un coup d’avance.

Je me sens vide.

[Bas de page déchiré]

 

 

[Page 34]

Raxus II, mois 3, jour 32

 

Alors que je remballe mes affaires, et que je m’apprête à rejoindre les autres pour grimper dans les chars qui nous ramèneront en ville, pour enfin décoller de Raxus Secundus définitivement, je retombe sur toi… petit carnet brun, oublié dans mon sac.

Je repense à ce que j’ai vécu ici, à l’expérience que j’ai tirée, au savoir que j’ai acquis et aux leçons que j’ai apprises. Je me souviens des meilleurs jours, ainsi que des pires instants. De mes amis, ceux qui meurent, ceux qui demeurent, et ceux qui sont partis depuis longtemps. Je me souviens du major, dont mon rapport fera l’éloge. Je me souviens de la boue, du Po’ridge et de la sueur, mais également des trésors, des rires et des plaisirs qui les ont accompagnés. Je me rappelle le courage des hommes forgés par ce conflit, marchant fièrement vers l’adversité, et le patriotisme chantant dans nos rangs les nuits de sérénité. Je ne peux oublier le dégout marqué au fer dans nos esprits, des lâches et des traîtres qui nous ont déçu.

Et quand enfin je relis cette douce lettre du bureau de l’Offensive Militaire, je me souviens de pourquoi je combats, et je combattrai, chaque jour de ma vie, jusqu’à mon dernier souffle.

J’aime l’Empire. J’aime les valeurs, la famille et les amis dont il m’a fait cadeau. J’aime son hymne, ses couleurs et son chef suprême. Et grâce à lui, grâce à l’Empire, je m’aime moi-même, car je sais qu’un jour, je lui serai essentiel. Peu importe la race, la branche ou la génération, un jour je m’élèverai, et mon peuple, à tout jamais heureux et reconnaissant, sera fier.

Gloire à l’Empire !

 

Tommas Ryptide

 

 

[Page 35]

An 12 ATC, 15 ans plus tard…

PS :

Aujourd’hui, j’ai été promu Lieutenant Ryptide. Plus haut que mon père ne l’a jamais été, plus digne que Skyld ne le sera jamais. J’ai hâte de te retrouver sur le champ de bataille, mon vieil ami. Car je sais que tu m’y attends toujours. Le monstre que tu as aidé à créer malgré toi, s’impatiente….

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