top of page

Méïra: Une nouvelle maison

​

Planète Muugrah

 

 

« J’en ai un !!! »

 

Alors qu’un bras brandissait un connecteur à ions au-dessus d’un tas de ferraille, quelques mètres plus loin un sourire se dessina sur le visage de Méïra. Elle applaudit, puis mit ses mains devant sa bouche pour crier : « Bien joué sœurette ! »

Maranka, sa cadette de seulement 11 jours, dévala la pente de métal comme une surfeuse et lança le câble rouge à Méïra. Les deux twi’leks coururent l’une vers l’autre et la plus jeune se lança dans les bras de sa sœur, qui la fit tourner, prise dans un moment d’excitation.

Quand elle la reposa, l’ainée vit la même joie dans ces yeux verts bordés de rouge qui la fixaient. Ça devait bien être le dernier connecteur ionique de la planète. On en fabriquait plus des comme ça. Et un adaptateur aurait coûté trop cher. Ah, les joies de la casse abandonnée.

 

« Ça y est ! Enfin ! …Eh, il convient hein ? Ça va marcher ? », demanda Maranka, inquiète.

« Y a pas d’raisons qu’il fonctionne pas, il a l’air étanche, assez long, … oui, ça marchera ! », assura sa sœur en inspectant la pièce de tous les angles. Maranka sautilla de joie en tapant des mains.

C’est tellement chouette d’avoir une sœur comme elle, pensa Méïra. Une sœur qui était aussi motivée, dévouée, et au final enjouée pour le bonheur des autres. Il faut dire, elle devait tenir ça de la famille. Avec deux générations d’altruistes, ça se transmet.

 

« Bon, on en a fini ici… A moins que tu ne trouves des pièces pour tes sculptures, on peut y aller. »

Maranka secoua la tête. « Nan, ici c’est surtout du rouillé et du brute. Ma pièce porte sur la légèreté rappelle-toi. »

Méïra haussa les épaules, et mena le pas vers le speeder. Derrière elle, sa sœur suivait en sautillant de plus belle. Une vraie gamine dans sa tête, mais une twi’lek forte, déterminée, joyeuse dans toutes les situations. A chaque pas, mené comme des pas de danse, ses petits lekkus bruns s’envolaient, puis retombaient. Les chaines dorées ornant sa coiffe lévitaient, réfractaient la lumière des soleils, puis chutaient vers sa tête. Les fausses petites cornes blanches qui décoraient ces chaines perforaient l’air, et s’effondraient avec le reste.

Méïra avait l’habitude de ce spectacle et regardait plutôt devant elle, sur les côtés, les mains sur ses deux compagnons éternels, une paire de blasters sur-mesure. Cette décharge était abandonnée, mais à la portée de tous. Un vrai trésor pour des bricoleurs bien plus féroces que les jawas. La twi’lek lethan et sa sœur, darian, étaient aussi des proies convoitables pour les esclavagistes, car elles n’étaient pas dans un secteur de la République. Un moindre faux pas, un petit filet sur le sol ou une belle embuscade bien préparée, et elles étaient cuites.

 

 

Un rat womp traversa le petit chemin devant Méïra à toute allure. Elle manqua de l’écraser. Quel imprudent.

« Ahhhhhh, non… non non non… nnnnon ! », s’exclama la twi’lek brune qui avait horreur de ces bestioles. Elle frappa le sol de ses pieds et frissonna. Méïra était plus curieuse que sa sœur. Elle regarda la bête s’enfuir vers un tube de fer rouillé, puis tourna la tête vers l’endroit d’où il venait. Une belle montagne de pièces détachées se tenait là, solide malgré l’empilement de tant de ferraille. Elle continua d’avancer encore quelques pas, alors que sa sœur derrière elle restait droite comme un isk, comme si elle se tenait debout sur une chaise, encerclée par des bestioles. La colline de fer, d’acier et de plastoïde dévoila alors à Méïra, tandis qu’elle avançait, une chose énorme.

 

La twi’lek resta bouche bée. Maranka se ressaisit et frissonnant un dernier coup, elle avança vers sa sœur qui ne l’écoutait plus.

« Arhhhhhhhh, j’ai horreur de ces trucs. Tu savais toi que les womps peuvent te refiler la… wooow ! »

Les deux filles se sentaient toutes petites face à ce mastodonte, ce géant de métal, … un vaisseau.

 

« Il est… magnifique… », prononça Méïra, ses yeux violets pleins d’étoiles.

« Il est… foutu. », corrigea sa sœur, moins optimiste.

 

Elle n’avait pas tort. Le cargo XS était enfoui sous une autre montagne de pièces détachées, toutes ses vitres étaient cassées, un des réacteurs était manquant, un autre était explosé et reposait sur le sol, les tourelles, envolées, le train d’atterrissage, brisé. Bref, une ruine, cachée par des milliers de pièces d’autres ruines.

« Il ferait une bonne cabane... », proposa Maranka en haussant un sourcil, sans le quitter du regard. « A condition qu’on arrive à forcer la trappe… Bon, on y va ? »

La jeune twi’lek était déjà partie, puis elle se retourna vers sa grande sœur.

« Hey, tu viens ? »

Méïra ne bougea pas. Elle fixait le cargo, les mains lâches, la respiration calme, recouverte par l’ombre du géant. Elle n'allait pas bouger. Elle avait trouvé son bonheur.

Après un bon moment de réflexion, elle prit une grande inspiration et se retourna vers Maranka.

« Je le veux. »

Sa jeune cadette la regarda avec un air intrigué.

« Euh... c'est une épave Méïra. Il ne volera jamais. »

Méïra avait pris sa décision. Ce vaisseau allait voler. Peu importe tout le temps qu'elles avaient passé à chercher les dernières pièces pour le cargo de ses parents, dont elle devait hériter... elle ne l'avait jamais vraiment aimé. Peu importe si cela allait prendre des mois ou des années : C'était celui-là qu'elle voulait, et il allait voler.

 

 

Ainsi, dans les semaines qui suivirent, Méïra et Maranka quittaient Ryloth presque tous les jours et allaient sur Muugrah pour raser la montagne de ferraille, libérer le monstre, et l'embarquer finalement dans le gros cargo parental pour le ramener à la maison.

 

Les parents furent choqués mais pas surpris quand ils virent leur fille rentrer avec sa découverte. Ils avaient un bon jardin, et dans un coin, le cargo XS fut entreposé. Au départ, les filles s'en servirent, à l'idée de Maranka, comme une cabane de jardin. A plusieurs reprises, elles prenaient leurs couvertures et passaient la nuit ensemble dedans, en se racontant des histoires de pirates de l'espace, en jouant aux cartes, et en observant les étoiles à travers les vitres brisées du cockpit, avant de s'endormir.

Le cargo demeura ainsi une cabane pendant 4 ans. Les merveilles, les histoires et les souvenirs qui naquirent dans cette boite de métal y restèrent gravées à jamais.

 

Un jour, Méïra s'y mit. Elle parcourut toutes les décharges qu'elle connaissait, tous les magasins et les vendeurs de pièces, chercha dans la cave familiale tous les outils dont elle avait besoin, et acheta ou créa elle-même tous les autres qu'elle n'avait pas. Un moteur subluminique de la casse de Czerka, des répulseurs de Rendili, de nouvelles vitres en transparisteel, les fauteuils venaient de Corellia, et les tourelles étaient de vieux turbolasers Taim & Bak modifiés. Elle y installa un bar, une table de dejarik, une chambre privée et des dortoirs. A l'extérieur, elle refit la peinture, en utilisant du rose et du brun, s'inspirant de la couleur de peau qu'elles avaient, elle et sa sœur. Les formes et les lignes rappelait un mélange des motifs de leurs lekkus combinés… Elle passa bien la moitié de son temps sur ce projet titanesque, impossible aux yeux de beaucoup.

 

 

Un soir, Méïra et sa sœur entrèrent dans le vaisseau avec la toute dernière pièce : le guidon principal. Ce fut un moment intense. Lorsque Méïra finit de l'installer, il était tard.

« On le testera demain... », proposa-t-elle.

Maranka, soudainement prise d'une émotion plus forte qu'elle, se jeta dans les bras de sa sœur et ferma ses yeux humides.

« Tu vas me manquer sœurette. », articula sa voix déchirée.

Méïra était assez surprise. Elle serra sa cadette dans ses bras longuement, caressant sa joue contre la sienne.

« Hey... je ne pars pas pour toujours. Je viendrais souvent vous voir. »

Maranka renifla et expira un léger rire.

« Je te connait sœurette. T'es une aventurière toi. Tu vas parcourir la galaxie, trouver les moindres trésors qu'elle a à t'offrir, te faire de superbes amis et aider ceux qui n'en ont pas... », balbutia-t-elle au bord des larmes. « Je sais...*snif* … et on t'attendra. A chaque fois que tu auras des problèmes, on se tiendra derrière toi ; chaque fois que tu aideras quelqu'un, on pensera à toi ; et à chacun de tes retours on sera là, bras ouverts. Promis. *snif* »

Méïra ferma les yeux et se balança doucement de droite à gauche, comme une petite danse, tandis que Maranka jouait avec ses lekkus et suivait le pas.

 

« Merci sœurette... Je t'aime... »

 

« Je t'aime aussi... *snif* »

Méïra & Maranka.jpg
bottom of page