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Compilation: Une Page pour l'Histoire

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- Osimasika Skocha -

 

Artiste osant avancer n'a rien à perdre.

Ma chambre est sombre, mon bureau est vide et noir.

Par tous les arts je suis passée et repassée,

Tous sauf la poésie, le rythme et les histoires.

D'un air atroce mon pinceau me fixe et se moque,

Il n'aura pas le dernier mot, sur mon honneur.

Un peu paniquée certes mais déterminée,

Je sors dix pages vierges et j'affronte ma peur.

 

Les premiers mots qui m'atteignent prennent leur temps.

Mais peu à peu les autres coulent dans mon cœur,

Transpirent dans mon esprit et chantent souvent.

Rosée d'Aldérande, furet jamais ne meurt.

Lisière argentée, cri tranquille et là-bas,

Deux liphons survolent une felinx endormie,

Elle rêve apaisée et respire la vie, je crois.

Tels ses fils qui dans son ventre sont si petits.

 

Et sous le soleil perçant les feuilles sombres

Je me demande: D’où vient la juge d’ombre ?

Alors je m’élève, je m'étire et je m'écrie :

'Chuta ! C'est vraiment d'la merde ce que j'écris !

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- Brûlé par le destin -

 

Karthakk le sans pitié se repose enfin. Il reviendra bientôt cracher ses flammes incessantes sur mon monde à l'agonie. On dit qu'un démon cruel l'habite. Si c'est vrai, je le hais de toute mon âme.

 

La nuit prend place, Khons et Kild l'escortent, et illuminent l'Échine de Lok, projetant l'ombre de ses vertèbres sur le sol comme si elles étaient de petits nuages. Ce monde de soufre et de poussière s'obscurcit avant de luire dans le bleu cyan apaisant de ses lunes.

Mais cette nuit, une dernière flamme persiste. Un dernier brasier lutte contre l'invasion des ténèbres. Celui dans mon dos, celui que j'abandonne, celui de mon foyer dévoré par le feu.

J’entends la douleur de mes frères, les hurlements de mes sœurs, les pleurs de ma mère et le silence de mon père... et je ferme les yeux dans cette douce nuit. La nuit où je prends enfin le contrôle total de ma vie. La nuit où mon passé dans les cendres meurt dans les cendres.

Je m'éloigne du bûcher et m'enfonce dans l'obscurité, mon ombre devant moi faiblit puis se dédouble derrière moi. C'est l'ombre d'un homme libre, d'un homme dangereux, d'un monstre né des flammes.

 

La ville s'éveille enfin sous les cris de ma famille. Ils vont peut-être tenter de les aider, peut-être pas, mais il est déjà trop tard. Les voisins qui ne partent pas chercher de l'aide me regardent partir dans la plaine de roche. Ils se demandent peut-être pourquoi je marche vers le néant quand je pourrais les aider. Pour les plus malins qui ont compris, ils doivent se demander ce qui m'a pris. D'autres diront que c'est le démon de notre astre qui a fini par rôtir ma cervelle pour me posséder. C'est déjà arrivé.

 

Ces fous... Ils ne se doutent de rien. Ils n'ont pas assimilé ce qui se passe ici. Ils n'imaginent même pas qu'ils vont tous y passer, un jour ou l'autre. Ce monde ne pardonne rien, cette galaxie ne pardonne jamais. Ils n'ont pas vu ce que j'ai vu. Ni la pluie éternelle de météores, ni le brasier de mon cœur, ni la puissance de l'Immortel qui m'appelle depuis peu. C'est sa voix qui m'a libéré, qui a répété mon nom, encore et encore, et qui a besoin de moi, autant que j'ai besoin de lui.

Mon maître m'appelle, et il est revenu d'un long voyage pour me voir.

Il me murmure constamment : « Xemvis Reggnev... fils du feu... ma Flamme Enchaînée... »

 

Sa venue est imminente. Tout comme sa... non... notre victoire.

Un jour, sous sa puissance infinie, je reviendrai, je brûlerai ce qu'il reste de ce monde, je purgerai nos ennemis et tous ceux qui nous résisteront, et je ferai fondre le démon cruel de mes propres mains.

 

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- ...Et, vous épelez ça comment ? -

 

« Le clan Egil est l'arbre duquel la branche du clan Farr s'est séparé il y a quelques années déjà. Leur soutien Révanite n'était pas le bienvenu, mais la séparation se fit sans problème. Aujourd'hui, la branche est plus grande que l'arbre... moi, je viens de l'arbre.

 

J'ai grandi dans ses racines, qui sont implantées à plusieurs kilomètres de Kaas City, en plein dans la jungle. Mon peuple comme vous le savez est né pour la guerre. Forgés dans le sang et l'honneur, nous préférons mourir dans la douleur que dans l'ennui. J'étais... différent.

Alors que mes camarades étaient de muscle et de fer, j'étais rondelet, et très franchement le combat n'était pas mon fort étant jeune. Mais mon clan était juste, et bien que je me sentais un peu à l’écart de par mes différences, il ne me ségréguait pas. Peut-être par bonté, peut-être grâce à l'omniprésence de mes parents dans le clan. Toutefois, la guerre a toujours été quelque chose d'inéluctable, il faut toujours s'y préparer, et lorsque la mousson entraîna la maladie sur mon peuple, je découvris enfin mon utilité. Avec quelques herbes et un petit saignement bien placé, je pus prouver au clan que parfois pour résister à la mort, il faut plus que des armes et du courage.

 

Les soins, la kinésithérapie et plus tard la maîtrise des points vitaux appliquée au combat et dans le domaine médical firent de moi qui je suis aujourd'hui. Au bout de quelques mois, je savais soigner une centaine de problèmes physiques en tous genres... une petite partie en quelques secondes seulement.

Bientôt mes amis me nommèrent uniquement par les quatre premières lettres de mon prénom... qui, ensemble, veulent dire ''cent'' en Mandalorien. J'étais donc le Docteur aux Cent remèdes.

 

Mes parents avaient le sens de l'humour, et vu le nom compliqué que portait mon père, ils avaient décidé de me donner un prénom tout aussi compliqué... »

 

L'homme regarda la femme qui prenait note en face de lui. Elle était jeune, belle, croisait ses fines jambes de façon élégante, et avait ce regard qui suggérait l’intérêt, la curiosité... le besoin de savoir tout. Peut-être un peu trop pour une secrétaire, pensa-t-il... ce que, en vérité, elle n'était pas.

Il prit une inspiration, et prononça son nom complet.

 

« ...Et, vous épelez ça comment ? », demanda la générale à la coiffure et aux yeux d'argent, un peu perdue.

 

La montagne aux yeux rouges rayonnants et mécaniques sourit.

 

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- L'Union -

 

Je l’ai rencontrée dans un parc, un après-midi d’hiver, mais un temps de printemps. Il faisait chaud, le vent avait soufflé toute la journée, et il n’était pas prêt à renoncer. J’étais seul, je sculptais comme à mon habitude une petite figurine de bois de brylark, un speeder NS-429, si je me souviens bien, tout en étant tranquillement adossé à mon binka préféré du coin. Une vieille habitude, lorsque ma matinée à l’usine se terminait. Les enfants braillaient, les colibris d'argent planaient, immobiles dans le ciel dégagé, et tout semblait si calme ici, sur Gel Daorn.

 

Et puis, une bourrasque soudaine et puissante balaya la petite plaine. Les gamins riaient et tombaient sur le sol, les passants retenaient leurs manteaux, mais le large chapeau d’une silhouette raffinée décolla sans crier gare. La pauvre femme tenta de le rattraper mais la forte brise était plus agile. Lorsque la capeline en laine noire passa à ma droite, je levai la main et la figeai dans les airs par la pensée. Je me levai, et la saisis. La silhouette s'immobilisa, quelque peu choquée, et quand sa main gantée, timide et si petite, s'approcha pour récupérer son chapeau, nos regards ne se lâchèrent pas.

Ses cheveux de feu s'emmêlaient dans le vent, ses yeux verts se perdaient dans les miens, j'eus l'impression que la galaxie entière se taisait pour nous. Lorsqu'elle baissa son menton et me sourit discrètement, je sus que mon cœur avait été ensorcelé, et que j’avais capturé les siens. C’était le coup de foudre tout ce qu’il y a de plus classique… un peu trop peut-être.

Après un long moment, elle ouvrit ses lèvres soudées pour m’adresser… mais soudain son regard tendre se durcit, et d’un geste vif et violent, elle propulsa sa main vers ce qui se passait dans mon dos.

Là, un petit voyou, un jeune voleur des ruelles tentait de s’emparer de la figure de bois que j’avais laissée près de l’arbre. Je crus d’abord que la peur de s’être fait prendre la main dans le sac le paralysait, et lui donnait cette expression paniquée… mais je compris vite que la femme à mes côtés se servait également de la Force.

Dans un petit accès de rage, plus mignon que dangereux vraiment, elle souleva le voleur et lui flanqua une dérouillée monumentale. Comme une serviette trop humide, le pauvre gosse se heurta à l’arbre, au sol, remonta, chuta violemment, encore et encore. D’abord sous le choc, et déjà éperdument amoureux, je ne fis rien, puis ma main apaisante vint se poser sur l’épaule de la belle zabrak.

‘Je pense qu’il a compris’, lui dis-je.

...

Un an plus tard, nous étions mariés. Et rien n’allait nous séparer.

 

Puis vint la guerre…

 

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- Ou la Force -

 

… La guerre sur Gel Daorn.

 

Un évènement qui fit chavirer nos vies. Tel un ouragan imprévu, ses foudres trouèrent notre monde, ses vagues mortelles firent s’écrouler nos villes, et en moins d’un mois, notre civilisation n’était qu’un vieux tas de ruines et de sang qui n’avait sa place que dans le passé. Les quelques survivants se réfugiaient dans les montages, dans les mines. Mon mari et moi nous précipitions dans les sous-sols alors que nos voisins et nos amis tombaient sous une pluie de plasma derrière nous.

 

Nous sommes restés un mois sous terre, puis avons erré un an sur nos terres désolées, au milieu de nos cadavres. Beaucoup avaient perdu la raison, mais nous persistâmes à chercher la vie… l’espoir. Et quand enfin nous le trouvâmes, quand enfin une chance s’offrit à nous et nous tendit la main… mon mari ne la saisit pas.

 

Trahison. Il préféra m’abandonner moi, sa propre épouse, plutôt que d’abandonner ses propres idées politiques. La moitié que je suivis ce jour-là est encore en vie. L’autre qui resta sur Gel Daorn, et cracha à la face de l’Empire, ne l’est plus. J’ignore comment les jedi le trouvèrent. Seul et triste au milieu de notre peuple desséché et froid, j’imagine. Pathétique.

 

L’Empire découvrit mes pouvoirs peu de temps après notre arrivée à la capitale. Je fus séparée de mon groupe lors d’un contrôle de douanes peu agréable, et fus emmenée chez les sith. Après mon succès sur leur planète rouge, aride et morte, je revins changée. J’appris à vivre avec ce que mon mari tentait d’enterrer en moi: la rage.

Je laissai mon visage se faire encrer à jamais par la tradition de mes frères impériaux. Je laissai mon âme sombrer dans le brasier obscur de la Force. Je laissai la tulipe que j’étais se transformer en la raventhorn que je suis. Une belle fleure, armée de ses épines. Un parfait ensemble qui sait enfin s’exprimer, se défendre, conquérir, se surpasser, qui a brisé ses chaînes, et qui est désormais libre. Enfin.

 

Ma loyauté, ainsi que ma totale reconnaissance envers l’Empire n’est plus à prouver. Le jour où mon mari mourra de mes propres mains, la galaxie entière s’en rendra compte. Aujourd’hui, je sais qui je suis. Aujourd’hui, il n’y a plus de retour en arrière possible.

 

Aujourd’hui, je suis sith.

 

 

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- Étoile-zou -

 

[Pluie chaude dans nuit Dromund Kaas. D'habitude froide, mais là chaude. Peut-être sith brûlé ciel avec rage constante ? Sais pas... Longtemps que tous perdu tête... enfermés. Ruelle mieux respire, mieux penser.

 

Je dans ruelle depuis quatre ans, presque cinq. Famille pas là. Papa maman morts. Pas assez mangé, tout donné à Je. Pas triste... beau. Admirable. Après, tonton tata occupés moi. Là, triste.

Tata morte. Trop faim, volé Empire. Pan ! Tonton trop dur nourrir Je, trop dur ! Il faible et faim, mais aime beaucoup Je. Trop douleur. Il tenté tuer Je. Étranglé. Pour ça Je comme ça... Je enfuie.

Il mort de froid un jour. Je seule depuis avant, depuis étrangle. Je vu Empire ramasser matin. Tout mort. Tout seul. Triste.

 

Tu faim ? Herbe ou farine ? Pas luxe, tout que Je trouver.

Hier pas bonne fouille. Hier faim, trouvé ça et pâté gros-lézard, mais reste plus. Bientôt manque eau, pour ça tuile, pluie zou bouteille. Juste attendre.

Je trouvé Tu aussi, donc bonne fouille peut-être. Dépend si Tu marcher. Sinon Je répare, Tu verras. Je bonne mécanique. Petits doigts passer partout.

Tu roue gros-bobo, hein... ? Je occupe, Tu verras. Si si !

 

Je déplacer maison demain. Gros-garde pas content passer Je ici. Autres pas grave, Je invisible, Je petit, mais Il méchant... ou Il payé pour méchant. Triste...

Comment Je porter Tu ? Bras pour maison, Tu encombre...

Ah ! Je bretelle, Tu deviens sac-à-dos ! Youpi ! Dois deuxième un jour.

 

Ciel sombre là-bas, pluie chaude... Oh-oh... Orage bientôt. Maison bouger coin Est. Vent grave sinon.

Oh, regarde ! Étoile-zou ! Rare ! Rare étoile normale même, trop nuages. Ciel derrière, beau, imagine... Bleu ? Violet ? Or ? Ou couleur connais pas ? Peut-être soleil ? Waaaaah !

 

Pourquoi Je discuter Tu ? Tu pas oreilles. Tu petite machine morte, pas cervelle fonctionne.

Non ! Tu ami !

Câlin...]

 

 

 

 

 

- Menace du passé -

 

Mon cher Andronikos,

 

J'étais en plein braquage à Mos Igis il y a quatre jours. Tout allait pour le mieux, un de mes meilleurs coups depuis des semaines, moi, le tiers du gang, et un peu d'explosif et d'acide de varium... et puis un de mes hommes est mort, ce qui a foiré tout. Apparemment un type, voulant défendre une grand-mère qui était au mauvais endroit au mauvais moment, lui en a mis une entre les deux yeux... Un type qui avait un tatouage autour de l’œil... grand, costaud, chauve et bronzé... ça te rappelle quelqu'un ?

 

Je savais que notre dernière conversation était quelque peu sèche, mais j'ignorais que tu m'en voulais toujours. Après toutes ces années... En fait, je l’ai même pris un peu… personnellement. Tu sais les types costauds, effrayants et surtout loyaux, y en a pas tant que ça dans les parages. Il faut les chercher loin. Ils coûtent cher, et ils ont tous une utilité constante. Jusqu’à ce qu’ils n’en aient plus.

Cette saison chaude a été particulièrement dure sans toi. Le Gang Wybenn manque cruellement de ton expertise sur le terrain. D’ailleurs, Yther te salue. C’est elle qui t’a envoyé ce message par arbalète. Lis-le vite et brûle-le avant que ta chérie ne le voie. Ce serait dommage qu’elle apprenne…

J’aurais pu demander à ce que cette flèche soit expédiée directement dans ton crâne. Sache que tu m’en dois toujours une. Et surtout, ne te jette plus jamais entre moi et mon objectif, ou tu le regretteras amèrement.

Bon, c’est l’heure de ma soupe ! J’espère que nos chemins se recroiseront bientôt, dans des circonstances un peu plus amicales disons.
Prends soin de toi en attendant.

Ta Lady

♥ ♥ ♥

 

 

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- Dementia -

 

« Allez-y, soldat. Commencez depuis le début... », proposa la jeune femme en tenant sa tasse dans une main et sa tablette personnelle dans l'autre.

Face à elle, le soldat assis agissait comme s'il était ligoté. Il ne bougeait pas, se serrait sur lui-même comme pour prendre moins de place, et fixait le sol comme si un cadavre invisible s'y trouvait.

« J'ai vu des choses... Des choses pas normales... Des choses que je ne saurais même pas expliquer... Vous devez me croire. », articula-t-il d'une voix frigorifiée par la peur et la paranoïa. « Soldat de garde peut être le poste idéal n'importe où... mais pas chez cette psychologue névrosée... Je n'arrive même plus à dormir !... Par pitié... aidez-moi... »

La jeune psychiatre sirota son karlini chaud, attendant la suite avec impatience. Le pauvre soldat se força à replonger dans son cauchemar.

 

« Dès les premiers jours je savais que quelque chose n'allait pas. Certains jours ne passent pas à la même vitesse dans ses appartements. Sans raison... J'ai entendu des choses... Les cris de certains de ses patients... leurs hurlements de rage et leurs rires démoniaques... suivis des siens. Parfois elle peut avoir sept expressions faciales différentes en même temps. Il y a des jours où elle paraît étrange... d'autres où on se demande carrément ce qu'elle fout à ce poste... Un jour je l'ai vue battre un chaton à mort avec un foutu pilon ! »

Le soldat fit une pause. Le docteur Laro n'avait toujours pas l'air bien choquée. Elle lui fit signe de continuer. Essuyant sa figure blême, il peina à évoquer la suite...

« Un jour elle s'est ramenée au bureau, complètement nue... Elle souriait, comme si c'était normal, elle marchait dans le couloir, comme au ralenti, en faisant rebondir ses cheveux... et tout le reste... À mon avis, elle voulait nous faire craquer. Je vous en prie, vous devez m'aider maintenant ! »

« Vous saviez que vous vous soumettriez à des choses étranges en acceptant ce poste. », coupa la femme. « Et vous venez de rompre votre serment de garder ses secrets. Je ne peux pas changer votre situation. Elle n'a simplement rien fait d'illégal. »

Le soldat se mit à genoux et implora.

« Attendez ! Je sais aussi autre chose... Elle a tué un garde ! Elle a tué... comment il s’appelait déjà ? ...Numgis ! Numgis Fraal ! Elle l'a tué de sang-froid, j'en ai la preuve ! Arrêtez-la ! Je ne suis pas fou !! »

Alicia posa sa tasse face à l'agitation de l'homme. Elle prit sa tablette, pianota le nom dans les archives impériales, consciente que le simple meurtre d'un garde ne changeait rien à la donne. Puis ses sourcils se froncèrent. Elle retourna la tablette vers son patient clairement fou et bon pour un entretien avec sa collègue.

 

« Mais mon bon monsieur... c'est vous, Numgis Fraal... »

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- La Voix du Destin -

 

L'éternelle nuit prend fin. Les ténèbres l'éblouissent. Le silence lui brûle les oreilles. Elle se réveille, et tout ce qu'elle sait, c'est qu'elle est réveillée. Tout le reste a disparu... ou n'a peut-être jamais existé.

Peu à peu, elle se rend compte qu'elle n'est nulle part. Elle se lève, mais ne perçoit rien. Elle est dans le vide, à la fois spatial et temporel.

Est-elle morte ? N'est-elle pas encore née ? Vit-elle ? Qui est-elle ? Toutes ces questions sans réponses... Ce n'est peut-être qu'une illusion, mais le temps semble défiler, loin de son contrôle. Elle attend. Seule, elle attend une réponse.

 

Et puis son petit cœur s'arrête. Quelque chose change, enfin. Mais quelque chose ne va pas. Elle hurle dans la panique. Vite ! Il faut faire quelque chose !...

Trop tard. Quelqu'un est mort. Elle le sent.

Qui ? Pourquoi ? Comment ? Elle sait seulement que c'est la première fois, et que cette pauvre créature est morte, seule. Ce n'est pas triste... et pourtant cela lui fait de la peine. Elle l'a senti arriver, mais n'a rien pu faire.

 

Ensuite vient le frisson... Un courant d'air froid, un flot léger mais puissant alourdit son cœur, caresse sa peau, hérisse ses poils, s'extirpe depuis ses omoplates, glisse le long de sa colonne, s'agrippe à ses coudes en acérant ses griffes, fissure la peau autour de ses yeux puis serre sa gorge et s'infiltre dans sa mâchoire, aiguisant ses petites dents. Ça, c'est le monstre à l'intérieur... qui bout à l'idée de sortir. Le monstre a entendu la mort, et il s'est éveillé, lui aussi.

Elle a beau le combattre, elle sait qu’il va gagner. Il gagne toujours. Puis lorsqu’elle a complètement disparu sous sa pâle peau putride et que ses puissantes pattes postérieures pressent le plancher imperceptible dans la pénombre comme pour paralyser une proie dans la peur avant de l'attraper pour l'étriper, la Force apparaît.

Rayonnante, radieuse et respectée de tous, elle se rapproche de la bête, qui ne peut que ployer le genou. La petite femme refait surface, inspire comme une noyée retrouvant le rivage, et s'incline vers la lumière.

 

« Mon enfant. Parmi l'infini, je t'ai choisie. Tu veilleras sur le destin, tu t'éveilleras parmi les vivants, et tu réveilleras leurs âmes avant la tombée de la douce nuit. Ainsi t'incombe cette tâche, ainsi va la vie. Ainsi vont les choses, ainsi va la Force. »

 

Enfin, en un éclair, la lumière disparut, le monde s'assombrit, et la pauvre femme hurla dans le vide et la nuit, se faisant aspirer dans les ténèbres, avant de s'éveiller, encore une fois.

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