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Compilation: Non

​

- Traitre -

 

[Dromund Kaas : An 5 ATC / -3648 BBY]

 

Tout commence par ce simple mot. ‘Traitre’. Le pire jamais inventé. Il te reste gravé au fer rouge sur la peau, il te crame les muscles et carbonise tes organes, il dévore ton esprit, puis il entre dans tes gènes et là, c’est trop tard, c’est foutu pour toute ta descendance. Elle en hérite comme d’une peste interminable, un fléau héréditaire qui s’insinue en tes enfants, et leurs enfants après eux. Ton nom reste après ta mort… mais toi, toi sous les décombres de ton enfer, tu ne demandes qu’à ce que les vivants t’oublient à jamais.

Tsss… on croirait entendre mon père.

 

Non. Je vais la refaire. Tout commence… avec les cris de joie de la foule.

Il pleuvait comme d’habitude. Une énorme foule s’était agglutinée sur la place, accueillant à bras ouvert le rescapé de Gel Daorn. Aux yeux de tous, il était le ‘vénérable’ Sae’liu, celui qui avait résisté à la torture républicaine pour sauver ses hommes.

A mes oreilles, seul ce mot bourdonnait, encore et encore. Ce simple mot…

 

Le peuple devait y croire. Le peuple avait besoin d’un héros. Quelqu’un qui puisse les représenter, quelqu’un qui puisse leur prouver à tous leur valeur dans l’Empire. Enfin, un non sith avait triomphé, et était revenu d’entre les morts ! Un vieil homme, qui plus est… Mais seule une poignée d’hommes savait qu’avant de marcher sur le glorieux tapis rouge qu’on lui avait déroulé, le vénérable mon-cul avait d’abord piétiné un tapis bien plus sanglant.

 

Le fils de hutt était protégé par ses richesses de bourge, et par les quelques couilles qu’il tenait en main. Quand il faisait son entrée quelque part, tous lui léchaient les pompes… En tout cas tous ceux qui ne voulaient pas que leur propre femme découvre l’adresse de leur maitresse. Un mini parrain mafieux dans l’Empire, juste assez au courant et suffisamment discret pour que jamais les sith ne mettent un terme à ses manigances.

Il n’avait rien sauvé sur cette planète inutile. Mon supérieur aux SSI l’avait découvert, le mot s’était répandu vite fait entre nous autres, les stagiaires, mais jamais il n’avait pu sortir de la salle. Les couilles de mon boss étaient elles aussi trempées dans la mélasse agglutinante de cette ordure.

La véritable histoire, la voilà : Sae’liu les avait tous dénoncés. Toute son équipe, les renseignements sur place, les soldats, tout le monde sur Gel Daorn s’était fait avoir à cause de ce salaud… Il avait trahi ses confrères sans la moindre hésitation… et parmi eux, y avait Lev. Je l’ai vu sur les photos des rapports. Avec sa petite taille, on aurait dit un enfant, à moitié enveloppé dans son linceul à la morgue. Le voir comme ça, aussi pâle et sans son bras cybernétique, ça m’a directement replongé à ce jour où il était revenu du champ de bataille sur Raxus. Dire que son père saura jamais qui a réellement tué son fils.

 

Mais c’est pas que pour Lev que je fais ça ce soir. C’est pour tous ses camarades, c’est pour l’Empire… et putain ouais c’est pour moi !

 

 

Contourner les caméras, c’était pas le plus facile. Heureusement qu’on a Kwellin avec nous. L’étape suivante, c’est de grimper le mur de sa grande mansion. Un boulot facile la nuit, pas de gardes, pas de droïdes. Rien qu’un vieil homme qui ronfle dans une baraque de luxe. Heureusement, on a pensé aux cagoules… Des vieux collants noirs découpés à vrai dire. La mienne n’a même pas de trous, je dois bien cacher mes yeux et j’y vois à travers. On sait tous ce qu’on risque. Même si techniquement c’est plutôt patriotique, si on échoue, c’est un coup à se faire exécuter avec toute sa famille. Autant dire que depuis le mois dernier, j’ai pas grand-chose à perdre… Je le fais pour vous aussi, mère, en quelque sorte.

 

Quand je défonce la porte de la chambre à coup de pied, le vioc se réveille en sursaut. Il a beau crier, il sait très bien qu’il est dans la merde jusqu’au cou. Seul, en pleine nuit, chez lui, face à cinq gars. Non. Aucune chance.

Alors les potes et moi, on se défoule. Telle une vague s’échouant sur une plage, notre rage se déverse en cœur sur ce monstre au regard innocent. Quand je regarde mes camarades, je ne sais plus les différencier. Ils représentent tous la même idée. Une idée violente et juste, une idée qui fait souffrir, une idée au visage noir. La vengeance.

 

Après plusieurs minutes, mes amis fatigués s’écartent du malheureux. Il peine à respirer, il crache du sang, il pleure sans un bruit, il tremble et, à l’odeur, je devine qu’il n’a pas retenu sa vessie. La bande s’apprête à sortir, ils ont eu ce qu’ils voulaient, lui a eu ce qu’il méritait…

A ce moment, je me penche vers son corps meurtri, et il me regarde, droit dans les yeux. Il fait noir, je devine qu’il perçoit la lueur de mes yeux, au travers du tissu. Qu’importe en réalité.

Calmement, je mets ma main dans ma poche, et en sors un couteau. Sa lame argentée reflète sur les joues humides de l’homme la clarté de la nuit derrière moi. Dans un acte désespéré, il tente de me l’arracher, mais je suis trop rapide pour lui. En quelques secondes, et sans trop d’effort de ma part, il se retrouve sur le dos. Je lève mon arme. J’entends le sursaut de mes amis, je vois la panique de ma proie, je ressens la colère de mon cœur, et j’abats ma fureur.

En un éclair, les mains du traitre se plaquent fermement autour des miennes, sa respiration se bloque, la lame s’arrête à deux centimètres de son thorax. Nos grognements respectifs luttent, nos corps tremblent, mais jamais, pas un instant, nos yeux ne se détachent. Je ne peux m’en défaire… je dois… j’ai besoin de la voir.

Malgré l’instinct de survie débordant du vieillard, la lame touche inévitablement sa poitrine, puis s’y enfonce, très progressivement. Je ressens chaque couche qu’elle perfore, j’entends les poumons se flétrir, je vois le pyjama rougir. Et surtout… je scrute ses yeux.

Je relâche la pression, alors que Kwellin et les autres restent là, hébétés. Ils ne s’attendaient pas à ça.

C’est presque intime. Je me penche vers le mourant, qui m’observe attentivement, et je retire ma cagoule. Il prend conscience du chiss de 21 ans qui vient de le tuer. Mais qu’importe mon visage, il l’emportera dans la tombe. Non… ce qui importe, ce sont ses yeux. Ce qui importe… c’est…

Voiiiiilà !

Elle s’échappe de ses yeux. C’est toujours là qu’est le vrai spectacle ! Comme un essaim de lucioles, elle est libre, elle s’en va, laissant sa cage oculaire vide, et la nuit devient enfin des plus paisibles.

 

 

 

 

 

- La Question qui Tue -

 

[Tython : An 10 ATC / -3643 BBY]

 

Nous reçûmes ensuite... "l'accusé". Je m’opposais à employer cette appellation. Forte tête tout autant qu'il était fort têtu, cet homme n'avait pas à être traité comme un prisonnier. La cour martiale était cependant obligatoire. De graves omissions dans son résumé, ainsi que des propos colériques et des mensonges quand on abordait les rumeurs, firent très vite de lui un camarade dangereux pour l'Ordre. Sans parler de la presse et du sénat... qu'aurait dit la République... qu'aurait dit la galaxie... en sachant ce que nous savons aujourd'hui sur cet homme ?

Lorsqu'il entra dans la salle du Conseil, un lourd silence se propagea tel une maladie parmi mes collègues. Tous le connaissaient bien. Tous étaient déçus. Aucun mot ne l'exprimait, seulement des regards distants et froids. À nouveau, ils étaient des inconnus pour lui. Je semblais être la seule à me souvenir des prouesses qu'il avait accomplies pour nous.

 

Bien avant de devenir général, il avait complété sa formation de padawan en seulement 6 mois. Il était arrivé sur Tython âgé de 37 ans. Au début bien silencieux, il avait vite insisté pour que l'on fasse de lui un gardien de la paix. Malgré son grand âge… sa motivation sans faille, ses facultés à manier la Force, même grossièrement, ainsi que le fait qu'il venait tout droit de Gel Daorn, eurent un poids non négligeable sur son inclusion. Je me souviens de cette planète... j'étais présente lorsque, trop tard, nous en découvrîmes les ruines.

En tant que chevalier Jedi, il mena bon nombre de troupes à la victoire. En moins d’un mois, il avait quasiment libéré Corellia à lui tout seul. Si elle n’est pas totalement sous occupation impériale aujourd’hui, c’est grâce à sa stratégie militaire. Puisse cette pauvre planète un jour être libre.

Mais au fil des ans, au travers des flammes de la guerre et guidé par la nécessité absolue de victoire, l’homme s’endurcit. Il est devenu et reste à ce jour le général dont les troupes ont le taux de mortalité le plus élevé. D’un autre côté, ce sont des jours sombres…

Quelques années plus tard, il apprit que sa sœur était encore en vie. Séparés pendant la guerre sur leur planète natale, leur réunion réchauffa son cœur de pierre. Elle aussi devint un chevalier Jedi. Encore aujourd’hui, elle fait la fierté de ses anciens maîtres, à ce qu’il parait. Et dire qu’elle aura sa propre padawan dans une semaine… Cela ne me rajeunit pas.


Mes pensées divaguent alors que le général en question arrive au centre de la pièce. Son regard est sombre, mais je ne perçois nulle haine en lui. Je crois que ses pensées vont vers ses choix de vie. Vers ce qui l’a amené à comparaitre ici, ce matin. Je compatis avec lui. Dans sa situation, nous serions tous troublés par notre sens du devoir, nos responsabilités, nos désirs. Mais pour moi, ce qui convient de corriger, c’est bien le fait qu’il ait menti. Qu’il ait caché cette information à nos yeux. En entrant dans notre Ordre, il n’y a pas de place pour la passion, il n’y a que la sérénité, et il le sait. Il ne peut changer son passé… mais son passé ne doit pas le changer, une fois sur le champ de bataille, une fois face à une décision vitale. C’est bien trop dangereux pour lui. Le côté obscur se délecte bien trop facilement de ce genre de sentiments.

 

Mes collègues appellent son nom, lui rappellent ses "crimes", et lui posent des questions sans réel intérêt. Je le sens pris au piège, je le sens comme un enfant emporté par le courant de ses erreurs.

Nous ne sommes pas là pour le punir. Nous sommes là pour l’aider. Pour le remettre sur le droit chemin, avant qu’il ne soit trop tard…

Je me lève. Tous me regardent, tous se taisent. En tant que Grand Maître Jedi, je n’ai jamais à hausser la voix pour me faire entendre. Et enfin, me vient la seule réelle question qui me parait pertinente. Une question simple, une question sans piège, mais dont il ne pourra se détourner. Une question honnête, qui demande une réponse honnête. Une réponse qui, il le sait, déterminera sa place dans notre Ordre :

 

« …Maître Thumbornt… Aimez-vous toujours votre femme ? »

 

 

 

 

 

- Secret Médical -

 

[Enregistrement audio-descriptif n° 9745 / Appartements d’Orultseg / An 10 ATC / -3643 BBY]

 

O : Vouualà ! [Présente fougueusement son Patient de ses bras ouverts]

P : … Je… Oh, je peux y aller ?... Bien, comme je vous le disais, les rumeurs circulent à votre sujet, là-haut. On parle de ‘méthodes peu conventionnelles’ et de ‘délires extrava-... Qu’est-ce que c’est ?

O : [Émet de ses lèvres un son de bulle qui se pète, et redirige son attention vers lui, yeux grands ouverts]

P : …Euhm, oui… En venant ici je me suis demandé si votre professionnalisme en tant que psychiatre était vérifié par au moins certains membres du CRUST, ou peut-être des… Mais qu’est-ce que vous faites ?... Eh ! …Excusez-moi !…

O : Pas grave ! [Mordille un pilon en pierre]

P : Bon. Vous savez qui je suis ? Vous voyez qui est mon père, n’est-ce pas ? Le grand Maréchal Arnauld Wemphris Delbor, ça vous parle ? Un monsieur, vraiment haut placé… ?

O : Ooooooh… Grimpé ? Ou juste très grand ?

P : Hein ? Uhh… Okay, sachez que je n’ai nul besoin d’être ici. Je crois que tout ceci était une erreur. Voilà ce qu’on va faire : Je suis venu jusqu’ici avec mon oncle, il pourra attester que j’ai essayé, hein, ensuite je vais rentrer chez moi, mon cher père va dire que c’est de ma faute, encore une fois, mais je ne suis pas f-…

O : FOU ! Si, si si tu l’es ! Mais c’est pas grave. Moi Ôssiii ! Nioush… [Se donne un petit coup de pilon sur la tête, et rit]

P : …Okay, je perds mon -…

O : TEMPS ! NOOOON ! Papa veut que ça aille, ouille, il… il est inquiet, lui et son ami, les vagues, le sable… et l’horloge, avec mama qui est tombée, hein ? C’est çâââh ?

P : …Wooh… Attendez, quoi ? …C-comment vous savez pour… ?

O : [se lève de sa chaise et se rapproche lentement] C’était pas l’ancre grise. C’était l’horloge, avec l’ombre fine et noire. Le temps était en bas. Non… si, et papa sait que tu OHHhhhh !… [murmure] C’est pas bien…

P : [Ne bouge pas, a l’air très perturbé, serre sa chaise]

O : …Crie.

P : …Pardon ?

O : Sht. Pas grave. Crie !

P : Quoi je… ?

O : Crie !

P : Euhm… Bon… Aaaaaaaaaah…

O : CRIEAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !! [Agite ses bras très haut dans tous les sens comme un manche à air]

P : AAAAAAAAAAAAAAH !

O : [Donne un petit coup de pilon sur la tête de son Patient]

P : Aïeuh ! [Se frotte la tête]

O : Trouve un coffre !

P : Qu-…, je comprends rien ! …Écoutez, revenons en arrière, à propos de ma mère, vous avez dit qu-…

O : Trouve ! Graaand ! Enferme-toi. Casse le verrou. Roule, roule ! Wiiiiiiiiiiii… Si tu t’en sors, c’est que ça va ! Alors tu saura ! Oui ? Oui. Tu sauras ! Hm ?

P : …C’est votre conseil médical ça ? Que je m’enferme dans un coffre… ?

O : Personne dérange si personne entre. Personne dérange le temps. Non, c’est pas ça. Le temps glisse à l’envers si tu es assez fou pour l’écouter. Soit fou. Pas bête…

P : Ouais… J’imagine que ça doit avoir un sens pour vous les sith… Je dois méditer, un truc du genre, c’est ça ?... Tss. C’est drôle… mon père m’a envoyé ici pour gérer mon deuil, mais bizarrement, je crois que ce que v-…

O : [Prend une soudaine inspiration] MAMAAAAAN !!! ON MANGE JAMAIS EN ROSE !!

P : [Sursaute] MERDE !... Bordel...

 

 

 

 

 

- Fugue vers les Étoiles -

 

[Tatooine : An 11 ATC / -3642 BBY]

 

« Pourquoi ? Hmm… Bonne question…», réfléchit la rattataki. Ses yeux se plongent un instant dans le vide de la pièce sombre. Pendant quelques secondes, son esprit quitte la chambre qu’elle a loué pour la nuit, quitte le lit dans lequel elle est étendue nue, quitte l’amant qui la tient délicatement dans ses bras. Un petit sourire se dessine sur ses lèvres noires, et la revoilà dans son corps. Elle se redresse, réajuste les coussins, et pose la tête du pirate borgne sur son épaule :

« Installe-toi bien confortablement… là... A mon tour de te raconter une de mes aventures…

 

Après Dathomir, l’Empire m’a recueillie. J’étais une enfant, j’étais une alien, j’étais une orpheline. Alors on m’a placé dans une sorte d’orphelinat sur Dromund Kaas. Je n’avais que onze ans, je parlais avec un accent plus prononcé qu’aujourd’hui, je ne connaissais personne, et j’avais du mal à m’intégrer de manière générale. Mais je n’avais rien à perdre non plus. Durant les quelques premiers mois, j’étais très discrète, très timide… mais avant la fin de l’année, j’étais une rebelle.

Je volais de la nourriture, je mentais, je désobéissais aux surveillantes… Parce que oui, c’étaient toutes des femmes. Seul le directeur était un homme. Tous des humains d’ailleurs. Il y avait bien une vingtaine d’enfants aliens, tout au plus, mais moi, j’étais le fléau. L’indomptable. La provocatrice. Ni plus ni moins qu’une adolescente en manque d’aventure, et las des règles stupides qu’on lui imposait sans raisons. Les pauvres femmes qui nous gardaient et tentaient de nous éduquer étaient à bout. Principalement à cause de moi.

Et puis un jour, j’ai décidé de partir. De prendre une pause. C’était mon anniversaire, j’avais atteint mes quatorze ans, et le seul cadeau qui m’attendait, c’était une punition pour ma bêtise de la veille : je devais aider le personnel d’un spatioport à décharger des cargaisons… »

 

« Ta bêtise de la veille ? », demande le pirate, bien curieux. Sa belle compagne sourit.

 

« Rien de bien méchant… Promis… Enfin, toujours est-il que je râlais comme à mon habitude, j’avais mal au dos, j’étais fatiguée, à porter des caisses toute la journée… quand enfin j’entendis une dispute. Le chef du spatioport était là, et avait fait venir plusieurs soldats. Il était en train de crier sur un capitaine d’équipage, dont le vaisseau était stationné dans le hangar général. Apparemment, il l’avait vu en train de faire les poches aux travailleurs et aux passants.

Je m’approche pour en savoir un peu plus quand tout à coup, un des vaisseaux que l’on décharge explose ! Au même moment, le capitaine pickpocket et son équipage sortent les blasters. Les coups partent, les gardes se mettent à couvert… mais pas le capitaine. Lui, il couvre ses partenaires, qui sont en train de voler la cargaison, et de la monter à bord de leur vaisseau. Émerveillée, je reste sur place. C’était les premiers pirates que je voyais !

Mais soudain, l’une des pirates, une dévaronienne, me prends en otage. Je me débats, les impériaux baissent leurs armes, je sens mon cœur battre si fort, mais… alors que le capitaine lance des menaces, la dévaronienne tente de me rassurer :

‘Psst… T’en fais pas, on te libère dès qu’on est sorti d’ici. On te fera aucun mal. Si t’es sage, on te laissera même un petit bout du trésor, un petit souvenir, hein… Qu’est-ce que t’en dis ?’, me murmure-t-elle.

Très vite je comprends… J’aurais pu m’échapper facilement. Quelques tours de Force et j’étais libre… mais au lieu de ça, je me laisse embarquer comme l’otage des pirates. Si j’ai une chance de quitter cet endroit, de prendre des vacances, d’embarquer pour une aventure… d’être vraiment libre… c’est bien celle-ci !

Le vaisseau décolle sous les coups de feu. Par je ne sais quel miracle, ils sortent du secteur. Les pirates à bord crient victoire, tandis que la dévaronienne fait tout ce qu’elle peut pour paraitre aussi gentille et pacifique et rassurante que possible… mais moi, je ne suis plus inquiète. Ça semble même la surprendre.

Je leur parle de l’orphelinat, de la punition, des règles… et leur explique que je ne veux pas y retourner… Je leur propose même mes services en tant qu’apprentie pirate. Ils rient, m’invitent à boire un verre (mon tout premier), puis nous faisons les présentations.

 

Il y a le capitaine, un pantoran à dreadlocks du nom de Chev Mong’o. Le charismatique de la bande. Toujours l’allure, les bons mots, les bons plans…

Puis Meeks, le cartographe et pilote britarro. Toujours à sortir les bonnes blagues...

Vee’rek me faisait un peu peur au début. Un moogan spécialiste des lames… mais au final ce n’était qu’un grand sensible qui ne faisait que protéger son cœur fragile avec des regards sombres et méfiants…

Tout le contraire de Boro, le weequay. Un balaise, il faisait deux fois ma taille. C’est lui qui m’a appris à jouer au dejarik. Il était très malin en plus d’être musclé…

Celle que je pris au début pour une zabrak était en fait une elomin nommée Pahts. La compagne du capitaine, et aussi une excellente chanteuse…

Mais au bout du compte, c’est avec Néphira, la dévaronienne, que j’avais le plus d’affinités. On trainait pendant des heures à discuter tous les soirs, avant de dormir…

Nous avons passé des jours mémorables ensemble. Je garde chaque moment en souvenir, là-dedans, dans mon cœur. Un jour, c’était la fête dans leur vaisseau, un autre, on visitait des planètes exotiques… j’ai même participé à un abordage spatial ! J’étais masquée, mais nous n’avions aucune idée de qui nous volions. Des Républicains ? Des Impériaux ? Je ne l’ai jamais su. En tout cas, ils en avaient des trésors… Enfin, pour moi c’était énorme ! Aujourd’hui je me rends compte qu’ils ne faisaient que des petits coups. De pauvres petits braqueurs qui vivaient quasiment au jour le jour. Mais imagine… six pirates adultes, et une stagiaire-pirate, certes de quatorze ans, mais qui sait lancer des éclairs !

Ils étaient si fiers de moi. Je me sentais utile à leurs côtés, mais surtout, je me sentais libre…

 

Et un soir, Néphira m’a parlé de quelque chose qui me reste en tête encore aujourd’hui…

Cette famille qu’ils avaient construite ensemble, aussi parfaite soit-elle, manquait cruellement de quelque chose : un toit stable. Un endroit où ils pouvaient se reposer, en se sentant chez eux. Et pas un vulgaire vaisseau si petit qu’ils avaient peu d’intimité… Partout où ils allaient, ils étaient chassés par les deux factions. L’Empire, la République, personne ne voulait d’eux. On leur crachait à la figure. Et l’espace Hutt n’était pas vraiment quelque chose de stable, n’est-ce pas ?

Je compatissais… ma propre famille me manquait… et aussi bizarre que ça puisse sembler, l’orphelinat commençait aussi. Je serais bien restée avec l’équipage, mais je crois qu’au fond, nous savions où était ma place. Et elle n’était pas avec eux, du moins pas encore. Pas à mon âge.

A la fin des deux plus belles semaines de ma vie, ils me déposèrent sur Kaas. Il y eut pas mal de larmes (surtout venant de Vee’rek), mais c’était notre décision : D’abord je finissais ce que j’avais commencé avec l’Empire. D’abord les écoles, Korriban, la formation de sith, et un jour, si la Force le voulait bien, nous nous retrouverions. Quoi de mieux pour se motiver qu’une récompense à la clé ?

Mais ils ne sont jamais revenus…

Alors… oui… Pour répondre à ta question, c’est pour ça que je veux fonder cet endroit. Pour des gens comme nous, pour des gens comme eux… Pour eux. Bandits, pirates, chasseurs de primes, voyous de toutes espèces, simples voyageurs ou grands expéditeurs, qu’importe. Un endroit pour dormir, pour boire, pour faire la fête… pour se reposer et se détendre, au milieu de cette guerre. Un… Comment on dit ça… ? Anvaëre-… un havre de paix ! »

 

Le pirate, encore absorbé par l’histoire de la sorcière, fait une moue impressionnée.

 

« Wow… », dit-il, avant de froncer les sourcils. « Attends, je pensais que les sith ne croyaient pas à la paix ou un truc du genre… »

 

« Le Code Sith ne s’applique pas partout, très cher. Il faut savoir l’utiliser… La paix n’est pas éternelle, alors que… la passion… peut l’être… », murmure la sith en approchant lentement ses lèvres de son futur mari pour l’embrasser tendrement. L’homme se laisse porter par la passion qui l’envahit de plus en plus chaque jour depuis leur rencontre. Lorsque leurs lèvres se décollent, une dernière question naît dans la tête du pirate :

 

« Et… tu l’as eue au moins, ta part du trésor ? Ton petit souvenir promis par Néphira au début… ? »

 

La sorcière sourit de plus belle, puis dévie la tête vers le pied du lit. Il suit son regard. Là, dans le tas de vêtements jetés en pagaille, une grande broche plate et dorée, en forme de crâne et aux yeux de rubis, scrute les deux amants en silence.

 

 

 

 

 

- Respect -

 

[Sobrik, Balmorra : An 12 ATC / -3641 BBY]

 

Jamais je n’avais vu auparavant un tel énergumène. Une caricature de soldat sith combinée à une dérision de… mercenaire dépravé. Il faisait tache dans le décor du poste de commandement. Ses bottes boueuses avaient rendu le plancher quasi impraticable, sa figure et ses épaules partiellement pansées étaient encore maculées de sang républicain, et alors que ses jambes étaient protégées par une sorte d’armure noire qui tombait en morceaux, cette chose, ce… vulgaire voyou était torse nu ! Devant mon bureau ! …Un vrai fiasco sur pattes.

…Mais un fiasco des plus sexy. Je ne m’en rendis compte que plus tard, lorsque je fus à distance suffisante pour oser baisser mes yeux sur son fessier.

 

C’était un zabrak carmin, ne dépassant pas la trentaine, tatoué de la tête aux pieds. Je n’avais jamais vu de telles marques sith auparavant. Ces formes crochues et appliquées sur ses pectoraux, ces dents qui courraient le long de ses côtes… ce phénomène était vraiment en bonne forme physique. Et couvert de cicatrices. Grrrrr…

Il était accoudé au terminal holographique. Nous étions restés une bonne minute seuls dans la pièce sans un mot, avant que je ne comprenne que c’était lui qui devait me rendre des comptes sur l’assaut de Sundari. Quand je m’approchai de lui, il me salua en zabraki avec une prononciation des plus ridicules. Surement avait-il tenté d’apprendre un mot ou deux de ma langue, juste pour faire bonne figure ? Cela se voyait, il ne la parlait pas. Ou bien la parlait-il d’un accent fort ambigu ? Je ne sais pas...

Toujours est-il qu’il me faisait son rapport, une longue harangue, un exposé des plus brouillons, quand il s’arrêta net, visiblement vexé :

 

« Y a un problème ? ... »

 

Oui, et même plus d’un ! Je n’en revenais toujours pas. Mais quel escroc m’avait placé à ce poste, à superviser des brutes décervelées comme lui !?

Quand je lui demandai son statut Sith, sa réponse me noua la gorge. Je manquai de m’étouffer. Il n’était même pas vraiment Sith. Un simple guerrier, maniant la Force et brandissant nos lames écarlates, sans pour autant avoir passé les épreuves. Un mercenaire, déguisé en sith. C’était surement une farce. Encore des idiots qui envoyaient un non-sith pour traiter avec ‘Miss sith illégitime’ ! Ils se moquaient tous de moi, une fois de plus !

Je sentais la colère bouillonner en moi. Quand tout ceci allait-il finir !? J’en avais plus qu’assez ! Je n’avais qu’une envie : Sortir mes lames et ramener la tête de ce malandrin à mes collègues de travail. La plaquer sur leur bureau et…

Et soudain, son regard changea. De l’ennui, il passa à l’incompréhension. Il avait manifestement remarqué ma colère, sans trop la comprendre. C’est alors que son âge véritable m’apparut. Bien qu’il me dépassât de presque une tête, en réalité, il n’avait pas beaucoup plus de la vingtaine.

 

« Votre tenue est inappropriée, jeune homme. », lui dis-je, tentant de garder mon calme. « C’est du manque de respect. Votre exposé est enfantin, et au vu de votre statut et de votre âge, je n’ai pas à traiter avec vous. Débarrassez-moi le plancher avant que je ne vous le fasse lécher. »

 

« Du manque d-… ? Bah j’vous ai dit bonjour… Pfff… Et ouai, j’ai pas eu l’temps d’me changer. Vous s’rez pas mieux en r’venant d’là d’où j’viens. »

 

L’insolent ! Ce n’était pas la première fois, loin de là, qu’on me traitait de la sorte. …Mais un môme !? Je sortis les dents. C’en était trop !

Je lui ordonnai de s’excuser à genoux. Il refusa.

Il serait mort dix fois avec une telle attitude devant un seigneur sith. Mes poings tremblaient et craquaient sous mes gants.

Je n’allais lui offrir qu’une chance de plus.

 

« …Non. »

 

Alors je sortis les grands moyens. Ce cloporte allait polir mes bottes avec sa langue. Sinon de gré, il allait s’excuser de force. Et quand j’en aurais fini avec lui, sa tête cornue finirait clouée dans le bureau du général responsable de cet affront ! Je ressentais la toute puissante chaleur de mon courroux, elle bouillonnait, elle me priait de la laisser éclater. Sans me contenir une seconde de plus, j’usai de la Force. Mes bras crispés dans l’air firent basculer le mercenaire vers le sol. Je donnai tout ce que j’avais. Son genou posa terre, mais il se releva immédiatement, outré lui aussi. Il envoya une chaise voler. Une console explosa à son contact. Les lumières vacillèrent un instant.

 

C’est à cet instant qu’il m’approcha tel l’animal sauvage qui l’habitait. Le jeune homme de vingt ans en faisait à nouveau trente. Le piètre personnage à l’air ringard qui m’avait fait son rapport avait laissé place à une bête en colère, assoiffée de mon sang et affamé de mon corps. Ses yeux de braises perçaient la noirceur de la pièce tout autant que celle de mon âme. Sa main veineuse et aussi grande que mon crâne s’élevait lentement en direction de mon cou. Quand enfin je sentis l’holoterminal contre mon talon, et que le reek pensait avoir piégé la raventhorn, je bondis hors de sa portée et dégainai mes épines de flammes ambrées.

 

J’allais me battre contre cet ignominieux garnement. J’allais le vaincre puis lui planter ma lame dans la gorge. Faire fondre sa pomme d’Adam et rôtir ses cervicales. Ses employeurs n’auraient jamais dû l’envoyer à moi. Comme je me l’étais promise à moi-même, j’allais obtenir justice et vengeance auprès des lâches qui osaient encore défier ma légitimité impériale ! Après toutes ces années… Qu’allais-je devoir faire de plus pour qu’un jour, je puisse enfin jouir d’un semblant de respect !?

Tout ce que je voulais, c’était que l’on me fiche la paix.

Je n’aurais jamais imaginé, pas même une seule seconde, que je puisse perdre ce combat. Dire que je me suis ensuite retrouvée à faire l’amour à cet homme dont je n’arrive même pas à me rappeler le nom.

 

 

 

 

 

- Cui-cui -

 

[Table n° 23, Cantina Le Nexu, Dromund Kaas : An 15 ATC / -3638 BBY (Peu de temps après la célébration sur Aldérande)]

 

« Mh… Mais tu sais… M-… En vrai il est bien moins flippant que Xaash. Elle, elle peut littéralement exploser quelqu’un par la pensée ! Comme ça ! Suffit qu’elle soit de mauvaise humeur, enfin plus que d’habitude, et pis BOUM ! Splatch ! Beurk ! », fit remarquer la plus jeune twi’lek, qui continuait de se régaler avec ses choux-shu. Depuis la fin de son premier verre, les gestes de bras qui accompagnaient ses paroles étaient un poil plus violents.

 

« Ouaaaais… elle a ses moments… Mais elle au moins elle fait pas deux mètres, 400 kilos et elle est pas cornue… Oh, et elle me doit pas un droïde tout neuf. Nan mais t’as vu ce qu’il a fait à B-6 !? Il est complètement foutu au fait. Y a rien à faire. Ces p’tits bibis, c’est plus ce que c’était… », soupire la deuxième twi’lek, qui sirote avidement son ‘p’tit nexu’. Dank Farrik que c’était bon ! Par contre le confort des sièges en métal basique laissait à désirer.

 

Le serveur stagiaire nommé Mau arrive enfin avec le verre manquant à l’appel. Malheureusement pour lui, Vette avoue qu’elle avait peut-être les yeux un peu plus gros que la vessie. Il y avait déjà trois verres pleins qui attendaient leur tour sur la table. Le pauvre homme retourne tristement à son bar, alors que son patron l’appelle de sa voix cassée pour la 124ème fois de la soirée.

 

« Au fait… Toi qui restes tout le temps avec cette bande de tarés… Il s’est passé quelque chose de spécial dernièrement ? », se demande Vette. « J’veux dire, autre que toute cette merde avec le gros sith boite de conserve dans les dents là… Nan parce que… Ça avait pas l’air d’être la grosse forme entre Xaash et Drax l’autre jour sur le vaisseau. »

 

La jeune rutian fait une grimace. Un peu qu’elle savait. Et si Xaash n’avait toujours rien dit à Vette, c’est que rien n’allait s’arranger de sitôt. Les temps avaient étés durs récemment, avec tout ce chaos dans la galaxie… et surtout avec la mort de Jahnelthra. Toutes les complications et les rancunes entre les sith… elle ne voulait pas raconter n’importe quoi… mieux valait laisser ça aux sith. Et puis c’était tellement morbide. Mais Vette la coupe dans ses pensées :

 

« Tu sais, lui dit rien, mais je respecte énormément cette femme. Je la considèrerais presque comme une sœur, ou une mère… une mère-sœur... Enfin j’exagère ptet un peu mais je l’aime beaucoup. Même si c’est pas trop réciproque. Je crois que peu de gens la comprennent vraiment. Je l’ai sentie brisée la dernière fois, comme jamais avant… J’ai pas osé demander sur le moment, ptet que j’aurais dû… »

 

« Ah ouais ? Wow… Mais… Attends, officiellement t’es pas sa propriété ou quoi ? Je croyais que t’étais son esclave… », s’étonne Lizz, confuse.

 

« Hé non ! Enfin, si j’ai été une… C’est une longue histoire. »

 

« J’ai tout mon temps. », assure Lizz en croisant les bras entre sa tête et ses lekkus. Vette termine son verre, entame le suivant, et réfléchit par où commencer…

 

« C’était il y a 8 ans je crois… Zut ça passe vite… J’étais sur Korriban. Les sith m’avaient arrêté pour du pillage de tombes. Bah ouais, faut bien gagner sa vie. Bref, ces chiens m’avaient mis un collier électrique et me choquaient à la moindre occasion. J’étais en cage, je mangeais rien, j’avais même pas à boire…

Jusqu’à ce qu’elle arrive. Une sith. Une femme, pâle comme le cul d’un rattataki, pleine de tatouages et de cicatrices, portant une longue tenue noire. Elle avait le visage saillant comme un rasoir, un regard meurtrier, des yeux emplis de flammes… Brrr… Elle faisait froid dans le dos, j’te jure.

J’ai essayé de paraitre gentille au début, tu sais… aimable, sympa, drôle mais pas trop. Et zap ! Elle m’a foudroyé aussi. Mon boulot, si je voulais sortir de cette cage en un seul morceau, c’était de l’aider à trouver un vieux sabre laser tout pourri dans l’un des tombeaux. Mais y avait rien à faire. Je l’ouvrais, zap. Je trainais trop, zap. Je faisais tout ce qu’elle voulait et je la fermais… baaah zap aussi alors bon !

Enfin, quelques longues semaines plus tard, cette bourrique qui pète plus haut que le cul de sa grand-mère a fini sa formation à la noix. Elle a tué assez de gens, elle est plus méchante que méchante, c’est bon c’est validé, tamponné. Allez ! Direction la capitale. Et cette saleté, elle m’emmène avec elle ! C’est là que j’ai compris que j’allais pas m’en sortir. Que oui, pour le coup, j’étais une esclave.

Du coup on arrive sur Kaas, au spatioport, je me dis que je vais finir en pièces, et qu’au mieux elle m’ordonnera de faire la vaisselle H 24…

…Quand d’un coup je l’entends se prendre la tête avec quelqu’un. On allait tout juste sortir vers la jungle, quand quelqu’un lui "bloque le passage"… Moi, je roule des yeux quand ça arrive. Nan mais sérieux, elle pouvait pas, je sais pas… contourner UNE personne ?

Et puis d’un coup, je vois la lame d’un sabre laser lui sortir du dos. Et ouais. Ma propriétaire tombe sur le sol, le visage paniqué, et crève, là, devant moi. »

 

« Attends, quoi !? », l’interrompt Lizz, soudainement perdue.

 

« Mh-mh… et ouep … Alors je lève les yeux, toujours menottée et avec mon collier électrique autour du cou, et LÀ, je vois Xaash pour la première fois. Heheh… »

 

« Ooooooooh… », fait tout doucement la jeune twi’lek impressionnée. Joli retournement…

 

« Eh bah ouais, je t’ai bien eue, hein ? N’empêche, mis à part la couleur de peau, elles étaient vraiment différentes. L’autre elle avait des tattoos de partout, des ptites cicatrices ridicules, nan, c’était loin d’être Xaash. Pardon ! Xaash… -TÂ. Parce que parait-il, elle venait de sauver un sith important, et allait à une cérémonie ou je ne sais quoi sur Korriban.

Bon, je te l’accorde, elle était plus froide encore qu’aujourd’hui. Mais comparé à l’autre garce, c’était tranquille. Parce qu’elle m’a jamais électrocuté, Xaash. Elle m’a retiré mon collier, mes menottes, et m’a dit de déguerpir. Ce que j’ai fait. Pas question que je l’accompagne sur Korriban pour me faire capturer à nouveau ! J’étais libre.

Mais quelques jours plus tard, on se recroise par hasard. Tu me connais, je suis un peu pot de colle et bavarde. Alors j’ai insisté plusieurs fois, mais j’ai réussi à lui payer un coup à boire, et j’ai pu m’arranger un mini boulot à son service, dans son vaisseau. Mais plus en tant qu’esclave. Drax partage son salaire avec toi ; moi, j’étais payée par l’Empire en tant que citoyenne. »

 

« Han… Eh bah. Belle histoire. », avoue Lizz en levant son verre. « Je payerais cher pour voir Xaash avec un coup dans le nez ! », dit-elle en riant.

 

« Ah nan, par contre rien à faire, elle touche pas à l’alcool… »

 

« Heh…Tant pis pour elle… Nan mais s’cool que toi non plus tu… que… euh… que tu sois plus esclave en tout cas ! Un point de plus pour notre espèce. », dit-elle en levant son verre, un sourire étrange sur les lèvres.

 

Vette hausse un sourcil. Elle avait bien entendu ? Lizz avait été une esclave ? Elle ne semblait pas avoir envie d’en parler vu sa tête… mais doucement les deux twi’leks apprenaient à se connaitre.

 

« En tout cas, je suis bonne pour lire sur le visage et dans la tête des gens… J’ai mis du temps à savoir l’aborder, elle parle très peu, mais j’ai vite compris que c’était quelqu’un de très renfermé, qui avait beaucoup souffert… même quelqu’un de très sensible. Et ouais, j’te vois rigoler, mais c’est vrai ! J’ai jamais pu lui soutirer grand-chose… mais elle sait que je sais. Tu devrais lui parler un jour, seule à seule… Apprendre à la connaître. Ce que je veux dire, c’est qu’elle peut paraitre vachement sombre et ténébreuse et tout ça, mais c’est son côté sith aussi, enfin je crois. Mais au fond, y a quelqu’un, là-dessous. Pas comme l’autre tarée dont j’ai jamais su le nom. Dark Pelote, je l’appelais. Parce qu’elle avait des drôles de pompons sur sa tenue, c’était franchement ridicule… Bref. Mais ouais ouais, je suis bonne pour ça moi. D’ailleurs, si toi aussi t’as des trucs à raconter, des trucs pas faciles… je suis là ma grande. Hein ? »

 

Vette plonge ses yeux dans ceux de sa collègue. Elle lui montre un regard plein de patience et de compassion. Mais Lizz ne peut s’empêcher de sourire maladroitement. Elle triture la ribambelle de bracelets qui cachent ses poignets. Alors qu’elle s’apprête à lui répondre, Vette se lève, encore plus maladroitement…

 

« Bon, moi je vais chercher les chiottes. Pis après, je vais aller faire un bisou à ce charmant chhhharmant serveur… Et ensuite on a qu’à y aller. C’était bien bon. Et c’est Xaash qui régale, oublie pas, heheh ! », fait la rutian un peu bourrée en agitant son porte-crédits.

 

 

 

 

 

- Post Credit -

 

[Coruscant : An 15 ATC / -3638 BBY]

 

Tout est calme cette nuit-là. Les parents ont couché leurs enfants, les cantinas ont fermé leurs portes, les fêtes un peu partout ont pris fin. La capitale s’est endormie, et peut enfin faire de beaux rêves, sans se soucier de ne jamais se réveiller. L’Ogre est mort, ont annoncé Shan et Saresh il y a environ deux semaines. Coruscant, la galaxie, et tout ce qui y vit… sont sains et saufs. Le temps des monstres est révolu.

Les derniers taxis survolent le centre pénitencier de la ville-planète, et rentrent chez eux, les yeux presque clos de fatigue. Le dur bilan de la vie ‘holo, boulot, dodo’. Plus bas, dans les souterrains, la relève a déjà eu lieu. La garde noctambule postée dans les couloirs fait sa ronde sous les longs néons remplaçant la clarté des quatre lunes, et les détenus ronflent tous à force de chahuter toute la journée… Presque tous les détenus.

Là, dans le coin de sa cellule, le prisonnier alpha du complexe, matricule B-T58, détenu au dernier niveau, se ronge les ongles, scrutant la grande porte partiellement vitrée. Les soldats qui campent dans le couloir aveuglant s’ennuient. Ils se demandent ce qu’ils font là. Les quatre seuls mots qu’ils ont entendus depuis des jours sont ‘À table la vipère’, répétés constamment par le second de cuisine qui vient livrer le repas à tous les étages. Le voici d’ailleurs. Ici il ne vient qu’une fois par jour : la nuit à vrai dire. Le matricule B-T58 peut manger son porridge froid, c’est pas son problème. Saleté d’impés, pas vrai ? Il avance vers la cellule, ouvre la trappe installée sur la porte, et tire sa réplique.

 

Tout est calme cette nuit-là.

C’est pour cela que ce petit son se répand aussi facilement dans les couloirs blancs : ‘Toc…’ Quelqu’un a fait tomber son caf ?

L’un des gardes, la seule femme, démarre sa ronde. Elle va voir, morte d’ennui.

Mais elle ne revient pas.

 

Soudain, les lumières sautent. Les faibles néons auxiliaires prennent le relais. Une autre panne de courant. Génial.

 

« Restez là. », demande le second garde au cuistot qui tient toujours son plateau entre les mains. Que c’est ennuyeux, le protocole. Mais bon, ils sont tous payés pour ça.

 

Le soldat quitte ses camarades à son tour, fait quelques mètres, tourne dans l’embranchement… et voit sa collègue en armure au milieu du passage. Elle tient son casque sous le bras, et semble fixer quelque chose sur le sol.

 

« Bah alors, t’as trouvé un autre rat ? »

 

Pas de réponse. Elle ne bouge pas. Le tas d’armure reste figé sur place comme une statue, droit comme un i, la tête basse. Son partenaire vient la rejoindre, curieux. Y a rien par terre… Arrivé à son niveau, il jette un œil à son visage. La soldate-statue est blême, une goutte de sueur perle sur sa tempe, ses yeux rivés vers le sol ne clignent même pas.

Alors à son tour, il sent une pression rapide s’exercer sur sa nuque à divers endroits, puis une ombre dans son dos s’en va tel un fantôme. Le voilà paralysé lui-aussi ! Impossible de tourner ses propres yeux. Qu’est-ce qu’il s’est passé ?...

Il entend tout à coup de très légers sifflements dans l’air. Plus loin sur un mur, l’ombre d’un camarade de veille retire quelque chose de son bras puis chute vers le sol. Un autre ‘Toc’ retentit.

 

Retour vers la cellule, deux autres gardes vont voir ce qui se passe. Le cuistot recule du sombre couloir gobeur de soldats. Pas à pas, il se rapproche de la cage alpha. Un frisson lui parcourt l’échine quand il croit entendre le son d’une lame fendre la chair, suivi du terrible gargouillement d’un homme qui se noie dans son sang. Mais rien de plus. Quant à l’autre soldat, s’il était mort, pas un bruit ne pouvait le prouver.

Le cuistot tente de garder son calme. C’est son imagination, voilà tout. Il a trop regardé les infos à propos de cet Ogre. Le cliquetis des couverts sur le plateau qu’il n’a pas lâché s’intensifie. Les quatre derniers gardes qui sont avec lui se regardent mutuellement, puis fixent le couloir. Ils ont l’air inquiets (sous leurs casques).

Un gros ‘Bomp !’, sec, les fait tous sursauter. L’un des hommes lève son poignet vers son casque :

 

« Au rapport… ? »

 

Pas de réponse.

 

« N’importe qui… ? … Eh les g-…», insiste-t-il, sans avoir le temps de finir sa phrase. Il bloque, raide, et tombe sur le sol devant ses camarades, comme victime d’un mauvais malaise. Ce malaise, c’est à cause d’une minuscule fléchette fichée dans sa fesse. Il est mort.

Le cuistot pousse un cri hébété. Les trois derniers pointent leurs armes de partout dans l’obscurité. Toujours aucun bruit autour d’eux…

Enfin, le plasma vole dans l’obscurité. Il rugit, éclaire les murs en rouge, puis les peint en rouge. Les soldats ripostent à l’aveugle, mais celui à gauche se prend un tir en plein casque. Sa visière craque, fond, et son corps heurte la bannière murale de sa chère patrie endormie, avant de glisser vers les froides dalles du plancher, répandant son sang sur le drapeau bleuté.

Le jeune cuisinier, accroché à son plateau comme à sa vie, ne cesse de reculer vers la cellule. Quand le soldat à sa droite, qui tire comme un fou dans tous les sens, recule lui aussi vers un mur, deux bras massifs sortent de la pénombre dans son dos, et lui craquent la nuque. Les… les murs ont des bras !? Les murs les attaquent !?

« Non ! non ! Nooo-… », hurle le dernier, qui n’est même plus visible. Il est parti dans une brume de tibanna qui se disperse maintenant dans la salle noire. Ses cris se concluent par un dernier « Bomp ! », suivi d’un son massif et mécanique.

Ce ‘Bomp’ est parfaitement synchronisé avec le dos du pauvre cuisinier, qui heurte la porte de la cellule. Pris au piège. Il n’ira pas plus loin.

 

Le silence retombe.

Mais il est de courte durée.

 

Une main ferme et vive s’empare alors des cheveux du pauvre survivant. Le plateau tombe enfin dans un fracas. Ça y est, c’est son tour, les murs vont le dévorer. Ils lui arrachent le scalp, ses yeux ruissèlent de douleur.

« AAAAaaah !... N-n-nnnon… Non ! P-pitié !… »

La main derrière lui serre de plus belle ses courts cheveux blancs. Il peut sentir les ongles cassés gratter son crâne, les os craquer avec force et colère, le souffle bestial qui refroidit sa nuque…

 

« À table… la limace ! », grogne alors la voix dans son dos.

 

‘Oh non… ce n’est pas le mur… C’est elle… c’est la vipère ! Elle m’a chopé depuis la trappe à bouffe, la sal-…’, comprend-il enfin, mais trop tard.

 

Un dernier coup de plasma venu de la brume met fin à ses jours, et propage sa cervelle contre la porte. Un sang chaud et épais coule depuis la trappe. La prisonnière s’est écartée de justesse. Elle porte ses mains vers ses cheveux argentés, pleins de nœuds, de crasse et de sang, et tente de se rendre présentable. Puis, elle vient se poster au milieu de sa cellule, dont les portes se mettent à grincer. La bouche de métal et de verre renforcé s’ouvre enfin, et laisse entrer la brume mortelle.

 

« Vous en avez mis du temps… », dit l’Amirale.

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[SWD Season IV : Coming soon....]

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